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Le bar à poèmes
30 avril 2019

Alfred Jarry (1873 – 1907) : Madrigal

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Madrigal

 

Ma fille - ma, car vous êtes à tous,

Donc aucun d'eux ne fut valable maître,

Dormez enfin, et fermons la fenêtre :

La vie est close, et nous sommes chez nous.

 

C'est un peu haut, le monde s'y termine

Et l'absolu ne se peut plus nier ;

Il est si grand de venir le dernier

Puisque ce jour a lassé Messaline.

 

Vous voici seule et d'oreilles et d'yeux.

Tomber souvent désapprend de descendre.

Le bruit terrestre est loin, comme la cendre

Gît inconnue à l'encens bleu des cieux.

 

Tel le clapotis des carpes nourries

               A Fontainebleau

               A des voix meurtries

               De baisers dans l'eau. 

 

Comment s'unit la double destinée ?

Tant que je n'eus point pris votre trottoir

Vous étiez vierge et vous n'étiez point née,

Comme un passé se noie en un miroir.

 

La boue à peine a baisé la chaussure

De votre pied infinitésimal,

Et c'est d'avoir mordu dans tout le mal

Qui vous a fait une bouche si pure.

 

In, « La Revue blanche, N° 233, 15 Février 1903 »

Du même auteur :

Manao tupapau (05/11/2020)

Ia orana Maria (06/11/2021)

Tapisseries. I. La peur (06/11/2022)

Tapisseries. II. La princesse Mandragore (06/11/2023)

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