Guy Tirolien (1917 - 1988) : Paroles sans suite
Paroles sans suite
Est-ce ivresse déjà que vos rhums m'ont versée
ou si c'est la magie du pays retrouvé
voici gronder en moi
sourdement
sourdement
tous les volcans de mon passé
et voici s'épanouir
pâles fleurs explosant parmi la paix du soir
tous les fantômes qui furent moi…
C'est ici qu'une erreur guida leurs caravelles
et que beaucoup moururent sous les mancenilliers
d'avoir voulu gouter à la douceur des fruits.
L'or qu'ils venaient chercher, ils ne l'ont point trouvé
mais moi, je suis venu pour faire pousser de l'or
je ne me rappelle plus d'où
un jour, je suis venu pour faire pousser de l'or
je ne me rappelle plus quand
et dès le pur matin sifflait le vol des fouets
et le soleil buvait la sueur de mon sang.
(1945)
in, Léopold Sédar Senghor : "Anthologie de la nouvelle poésie
nègre et malgache de langue française"
Presses Universitaires de France, 1948
Du même auteur : Prière d’un petit enfant nègre (09/10/2016)