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Le bar à poèmes
12 avril 2024

Percy Bysshe Shelley (1792 – 1822) : Cimetière un soir d’été / A summer evening churchyard

 

Cimetière un soir d’été

 

Le vent a balayé de l’immense atmosphère

Toutes les vapeurs qui obscurcissaient l’éclat du couchant ;

Et le pâle Soir noue sa chevelure rayonnante

En tresses plus sombres autour des yeux languissants du Jour :

Le Silence et le Crépuscule, que les hommes n’aiment point,

Se glissent la main dans la main, sortant de ce vallon obscur.

 

Ils exhalent leur magie vers le jour qui s’éloigne,

Enveloppant la terre, l’air, les étoiles et la mer ;

Lumière, son, mouvement, reconnaissent cette puissante effluve,

Répondant à son charme par le même mystère.

Les vents sont apaisés ; ou bien l’herbe sèche environnant la tour de l’église

Ne sent pas leurs ondes douces quand ils passent.

 

Toi aussi, édifice aérien ! dont les pinacles

Pointent au-dessus de ce seul sanctuaire comme des pyramides de feu,

Tu obéis en silence à leur enchantement pénétrant et solennel,

Revêtant de teintes célestes ton clocher indistinct et lointain ;

Autour de cette silhouette effilée perdue dans le ciel

S’assemblent, parmi les étoiles, les nuages de la nuit.

 

Les morts sont endormis dans leurs sépultures ;

Et, tandis qu’ils dorment dans leur poussière, un son

Moitié sensation, moitié illusion, parmi les ténèbres s’éveille,

Montant de leur couche parmi les vers, entourant tout ce qui vit ;

Et, se mêlant à la nuit tranquille et au ciel muet,

Exhale un calme religieux inaudible et poignant.

 

Ainsi célébrée et adoucie, la mort est ans cruauté

Et sans terreur, comme cette nuit très sereine :

Ici je pourrais espérer, comme un enfant curieux

Se jouant sur les tombes, que la mort cache à la vue de l’homme

De doux secrets ; ou que sur ce sommeil sans souffle

Les rêves les plus charmants veillent perpétuellement.

 

Traduit de l’anglais par Madeleine-Louis Cazamian

In, Shelley : « Poèmes »

AUBIER Editions Montaigne, 1960

Du même auteur :

 « Il y eut une créature… » (24/12/2014)

L’Île / The Isle (09/09/2017)

 

A summer evening churchyard

 

The wind has swept from the wide atmosphere

Each vapour that obscured the sunset's ray;

And pallid Evening twines its beaming hair

In duskier braids around the languid eyes of Day:

Silence and Twilight, unbeloved of men,

Creep hand in hand from yon obscurest glen.



They breathe their spells towards the departing day,

Encompassing the earth, air, stars, and sea;

Light, sound, and motion own the potent sway,

Responding to the charm with its own mystery.

The winds are still, or the dry church-tower grass

Knows not their gentle motions as they pass.



Thou too, aëreal Pile! whose pinnacles

Point from one shrine like pyramids of fire,

Obeyest in silence their sweet solemn spells,

Clothing in hues of heaven thy dim and distant spire,

Around whose lessening and invisible height

Gather among the stars the clouds of night.



The dead are sleeping in their sepulchres:

And, mouldering as they sleep, a thrilling sound,

Half sense, half thought, among the darkness stirs,

Breathed from their wormy beds all living things around,

And mingling with the still night and mute sky

Its awful hush is felt inaudibly.



Thus solemnized and softened, death is mild

And terrorless as this serenest night:

Here could I hope, like some inquiring child

Sporting on graves, that death did hide from human sight

Sweet secrets, or beside its breathless sleep

That loveliest dreams perpetual watch did keep.

 

 

Alastor, or the Spirit of Solitude and other poems,

printed for Baldwin, Cradock and Joy, Pater-Noster Row; and Carpenter and Son

London, 1816

Poème précédent en anglais :

Jack Kerouac : Mexico city blues (85– 96ème Chorus) / (85– 96th Chorus) (27/03/2024)

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