Rendez-vous
J’ai acheté des draps rouges
de l’étoffe la plus douce
même si je sais qu’ils ne peuvent rivaliser
avec la douceur de ta peau
Je les ai achetés de couleur rouge
pour que ton corps blanc
étendu sur les draps
soit le vers de Góngora :
« ou pourpre enneigée ou neige empourprée »
Et quand tu t’es couchée
nue sur mon lit
le vers s’est fait chair
Traduit de l’espagnol par Josiane Gourinchas
In, Oscar Hahn : "Peine de... [Lire la suite]
Voyageant avec moi-même
Où que je veuille aller
où que je veuille me déplacer
rien ne va se passer
rien ne va changer
car c’est moi-même que j’emporte avec moi
Je ne reste pas derrière
je ne m’éloigne pas de moi :
je me porte sur le dos
Autre maison autre ciel autre temps
ce sera la même chose : c’est la même chose
la vie n’est pas ailleurs
la vie c’est là où l’on est
Me charger de moi-même de par le monde
n’est pas chose facile
Me défaire de moi
ou me laisser abandonné en quelque... [Lire la suite]
Le corps interroge l’âme
Te souviendras-tu de moi après ma mort ?
Te souviendras-tu du visage que tu avais
lorsque tu habitais ma chair et que j’étais
la demeure de tes nuits et de tes jours ?
Libérée du temps et de l’espace
à quel moment te languiras-tu de moi ?
et dans quel lieu prendras-tu le temps de te souvenir
de l’amour avec son miel et ses poisons ?
Âme qui te dissous dans le tout
quand perdue dans l’incommensurable
tu penseras à moi je serai cendres
... [Lire la suite]