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Le bar à poèmes
12 novembre 2023

Jules Supervielle (1884 – 1960) : Le matin du monde

jean-dubuffet-portrait-of-jules-supervielle[1]Portrait de Jules Supervielle par Jean Dubuffet (fusain sur papier), 1947

 

Le matin du monde

                                                                                                                      à Victor Llona


Alentour naissaient mille bruits

Mais si pleins encor de silence

Que l'oreille croyait ouïr

Le chant de sa propre innocence.



Tout vivait en se regardant,

Miroir était le voisinage

Où chaque chose allait rêvant

A l'éclosion de son âge.



Les palmiers trouvant forme

Où balancer leur plaisir pur

Appelaient de loin les oiseaux

Pour leur montrer leurs dentelures.



Un cheval blanc découvrait l'homme

Qui s'avançait à petit bruit,

Avec la Terre autour de lui

Tournant pour son cœur astrologue.



Le cheval bougeait des naseaux

Puis hennissait comme en plein ciel

Et tout entouré d'irréel

S'abandonnait à son galop.



Dans la rue, des enfants, des femmes,

A de beaux nuages pareils,

S'assemblaient pour chercher leur âme

Et passaient de l'ombre au soleil.



Mille coqs traçaient de leurs chants

Les frontières de la campagne

Mais les vagues de l'océan

Hésitaient entre vingt rivages.



L'heure était si riche en rameurs,

En nageuses phosphorescentes

Que les étoiles oublièrent

Leurs reflets dans les eaux parlantes.

 

                                                                         (Matins du monde)

 

Gravitations

Editions Gallimard, 1925 

Du même auteur :

   L’Allée (12/11/2014)  

Hommage à la vie (12/11/2015)

Le forçat (12/11/2016)

Nocturne en plein jour (12/11/2017)

Prière à l’inconnu (11/11/2018)

Trois poèmes de l’enfance (12/11/2019)

Les amis inconnus (12/11/2020)

Oublieuse mémoire (12/112021)

Mes légendes (12/11/2022)

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