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Le bar à poèmes
14 décembre 2022

Jean-Pierre Faye (1925 -) : Sélinonte

AVT_Jean-Pierre-Faye_2651[1]

 

Sélinonte

 

l’onde de terre touche et renverse

de l’autre côté les formes de pierre

elle couche le dieu sur la pente

et aligne les colonnes et dresse entre elles

le sol et non plus le soleil

maintenant les colonnes sont lignes

versées sur la plage et l’herbe

 

je te renverse contre la ligne

qui est feinte et demande

que tu sois et dessines

la colonne de l’air et du corps

et la ligne de l’entre-deux en tous points

celle qui en un point se divise et creuse

et ouvre sur     vide qui n’a point fin

 

en ce point je ne touche ni ligne ni fin

je vais au large de ce qui n’a point d’espace

j’avance dans le corps restreint

qui n’a plus ni contour ni ligne

mais palpe pour moi toute pulsation

et pense pour moi le respirant

et par qui me harasse le lointain

 

j’en touche les jambes au cœur

je l’ouvre à la pulpe des lignes

je le touche où se renversent

les colonnes les fragiles

je la verse dans sa forme même

lui rends ce qui la forme et déverse

lui versant ce qui l’altère et la garde

 

afin que la ligne ici la garde

et que la sauve la hauteur des colonnes

ou que leur entrouverture la réserve

et entre elles joue le soleil

qu’éclate entre elles la couleur

je demande que toute lumière se fasse

et invente que l’éclat soit salutaire

 

et je supporte mal que le temps me dure

et n’ai patience du mal qui me tenaille

je défais la maille qui à temps me lie

et m’enfonce en ce qui me relie

où le souffle jette colonnes et lignes

la vague met à terre sol et forme

le choc renverse et couche le pli

 

*

tenaille me tient

et ne me laisse

 

me consume le plomb

coulé en laisse ou lavure

 

ne puis aller par delà

de la ligne ou laisse

 

m’enfonce au mélange ou fumée

de la laisse des bêtes noires

 

marié descend et remonte

submerge au sol de laisse

 

*

pour vrai je n’en puis

puis-je mais de cela

 

ne sais où me rendre

cherche où est le faire

 

poursuis la défaite

défais le survivre

 

ne sais comment me rendre

sans céder le voi

rendrai le sommé

verrai le déjà

 

sans voir qui je verrai

 

y perdrai le survivre

tenterai le perdre

 

essaierai le libre

 

*

le grand filet poussé dans l’air

raclant le sens par

la lumière

 

creusant et recourbant

le cintre pour le

où . le     voi

 

et qui ourle et houle couleur

et ferle forme

 

forme est le bassin d’eau

où entre carènes

en répare

 

elle le tire en

ouaiche ou

ouage

 

vers la flottante et

le sillage

 

de couleuvrine

 

forme . éclisse. bois de fente

 

*

nuit l’entour et l’éteint

afflux de la

nuit entourante sur le dessin

 

où ça se tente       de voir

yeux ouverts dans    nuit

des lèvres de ses jambes

 

à la fusion

 

du centre de son

cœur

 

 

In, Maurice Partouche : « Jean-Pierre Faye »

Editions Seghers(Poètes d’aujourd’hui), 1980

Du même auteur :

Al Djezaïr (14/12/2015)

« Le visage qui va… » (14/12/2016)

Partage des eaux (14/12/2017)

Droit de suite. I (14/12/2018)

« Un peuple s’étend... » (14/12/2019)

Dessin inlassable (14/12/2020)

Je voudrai te connaître (14/12/2023)

 

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