Silence, où la voix s’enracine,
de nul regard espace où je me tiens,
de nul passage désormais
le sentier indistinct,
haute terre habitable.
Maintenant dé-nommé
le visible s’écrit.
De ce jardin bientôt
où conduit tout cheminement
l’imprononçable accès,
puis comme une rumeur
le lent besoin des mots
de toute fleur absent.
As-tu sacrifié à cette absence ?
as-tu recommencé
mais inlassablement
l’impatience incertaine ?
Les arbres
agrippés dans la mort,
noirs,
se gonflent
des lueurs proches de la mémoire
En son déchirement
bientôt
vont s’annoncer
les cymbales d’un autre rire
le cytise oublié
sur la putréfaction de l’aube
telle une flamme gorgée d’eau.
L’origine s’efface
et le sentier se perd.
Heurte à la vitre de l’oubli,
au fugace soudain qu’effeuillent les oiseaux.
Voici que reverdit le lieu
l’improbable écriture,
la mort restituée à sa juste mesure
espace hors du bannissement.
Regarde,
au loin la mer
à travers les collines s’écaille,
Il est comme une brume de silence,
et quand s’émeut la joie,
si semblable à des cris
remonte, ivre déjà
l’enfance d’un visage...
Chaque pierre a gardé quelques gouttes de nuit,
l’herbe, à travers la mousse,
humide encore, quelqu’insecte...
familier le sentier prononce chaque pierre.
Menace innominée
Editions Grasset, 1976
Du même auteur :
« Ouvrage de silence... » (05/10/2019)
« Je dis / La souveraineté des choses évidentes... » (05/10/2020)