220px-PierredeRonsard1620[1]

 

A Cassandre

Mignonne, allons voir si la rose

Qui ce matin avoit desclose

Sa robe de pourpre au Soleil,

A point perdu ceste vesprée

Les plis de sa robe pourprée,

Et son teint au vostre pareil.

Las ! voyez comme en peu d'espace,

Mignonne, elle a dessus la place

Las ! las ses beautez laissé cheoir !

Ô vrayment marastre Nature,

Puis qu'une telle fleur ne dure

Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croyez, mignonne,

Tandis que vostre âge fleuronne

En sa plus verte nouveauté,

Cueillez, cueillez vostre jeunesse :

Comme à ceste fleur la vieillesse

Fera ternir vostre beauté.

 

" Odes ", I, 17, 1545

 

 

Du même auteur :

« Comme on voit sur la branche au mois de mai  la rose… » (20/05/2015)

Madrigal (20/05/2016)

« Quand vous serez bien vieille… » (20/05/2017)

« Maîtresse, embrasse-moi… » (20/05/2018)

A un bel aubépin (09/05/2019)

« Ô Fontaine Bellerie... » (09/05/2020)

Les derniers vers (09/05/2021) 

« Sur tout parfum j’aime la Rose... » (09/052022)