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Le bar à poèmes
9 mars 2024

Atahualpa Yupanqui (1908 – 1992) : Poème de la mère Koya / Poema de la madre Kolla

(Notimérica)

Poème de la mère Koya

 

Nous arrivons de loin et nous avons peiné, Seigneur.

Nous arrivons de loin, nous avons longé la rivière

qui coule entre les pierres

sur un air de chanson.

 

Nous, les Koyas (1), ressemblons aux collines :

le dehors est couleur

et un monde tout plein de chant et de silences

habite notre coeur !

 

Mes mains n’en finissent pas de moudre le maïs

et mes yeux sans répit surveillent le sentier

où mes « huahuas » s’en vont jouer.

 

Je suis la mère Koya de tous les temps.

Indienne, oui Seigneur !

Moitié de pierre et d’ombre,

moitié pierre et soleil...

 

Et mes peine toujours vieilles, vieilles... comme la rivière.

Et encore et toujours mes rêves indiens.

 

Et ma vie toujours la même, toujours :

Hiver est de neiges, Eté est de rivières,

et la neige elle aussi se met à voyager !

 

Et que viennent les sables avec leurs tourbillons,

Et que viennent les neiges et la grêle menue ;

Que viennent les gelées détruisant les récoltes

dans le champ de maïs.

 

Que viennent les soleils brûlants et rigoureux.

Que les rivières soudain

se changent en bourbiers

et les rêves en douleur...

 

Qu’importe tout cela !

Je suis Koya, Seigneur... !

La douleur la plus forte ne tue pas dans mes veines

le sang du Soleil.

Et parfois il me semble que nous sommes, nous tous,

des morceaux d’une colline

qui s’est mise à marcher...

 

Cela n’est pas pour rien que nous, les koyas, sommes si près de l’Eternité !

 

Nous arrivons de loin...

Et nous avons peiné, Seigneur.

 

Nous, les Koyas, ressemblons aux collines :

le dehors est couleur

et un monde tout plein de chant et de silences

habite notre coeur !

 

(1) Peuple amérindien présent, entre autres, au nord-ouest de l’Argentine.

 

Traduit de l’espagnol par Sarah Leibovici

in, Atahualpa Yupanqui : « Airs indiens »

Pierre Jean Oswald Editeur, 14600 Honfleur

 

Poema de la madre Kolla

 

Venimos de lejos, guapeando caminos, Señor.

Venimos de lejos, siguiéndolo el rrio

que corre entre piegras

con tono cantor.

 

Nosotros los kollas, somos como el cerro :

por juera… color…

¡Y un mundo llenito de canto y silencios

en el corazón !

 

Dale con mis manos, chancádolo al maíz.
Dale con mis ojos, mirando la senda
ande mis huahuitas salen a jugar

 
Soy la madre kolla de todos los tiempos.
¡ Soy runa, Señor !
Mitar, piegra y sombra,
Mitar, piegra y sol…

 

Dale con mis penas, viejas… como el río.

Dale con las cosas de mis sueños indios.

 

Y paso la vida, siempre igual… igual :

Invierno, es de nieves; verano, es de ríos,

¡ Que es mesmo la nieve que dentra a viajar!

 

Vengan las arenas con sus remolinos;

vengan las nevadas con su garrotillo;

vengan las heladas malogrando siembras

allá en el chacral.

 

Vengan soles juertes, llenos de rigor.

Que se hagan de golpe

los rios, barriales ;

los sueños, dolor...

 

¡ No le hace ! ¡ No le hace !

¡ Soy kolla, Señor… !

Y el dolor más grande no mata en mis venas

la sangre del Sol.

Si a veces, se me hace que toditos somos

pedazos de un cerro

que se ha echao a andar...

 

¡ Por algo los kollas, cerquitita estamos

de la Eternidad!

 

Venimos de lejos…

Guapeando caminos, Señor.

 

Nosotros los kollas somos como el cerro :

por juera… color.

Y un mundo llenito  de canto y silencios

en el corazón !

Poème précédent en espagnol :

José Ángel Valente : Matière / Materia (28/02/2024)

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