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Le bar à poèmes
13 janvier 2024

Jacques Baron (1905 – 1986) : Trois poèmes

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Trois poèmes

 

I

Le temps O vie étrange très lointain camarade

Fil d’Ariane par mon amour charmé

Le temps passé demande au temps les autres voix plus fermes

Un souvenir de vos cheveux qui s’appellera le présent

et le présent n’est plus qu’un souvenir étrange

Route de la révolte Amour et long poème

J’apprendrai dans tes mains les plus beaux rêves d’or

Une route lumineuse

Chemin qui s’étend à l’infini

Jusqu’au grave souci de ne pas être un homme

Ce monde qui est si loin

De tout ce qui est derrière ou devant moi 

 

Barbares aux couteaux étoilés

Barbares nous avons la tête dans les cieux

Il ne peut-être question

de cette vie commune

Car il n’y pas en nous autre chose que la lumière

 

II

Le soleil et la lumière

apparemment réels ô formes de la vie

Femmes de la vie toute entière

Les oiseaux chanteurs ne se tairont plus jusqu’à présent

 

Jusqu’à présent tambours bénissez la souffrance

des femmes par milliers

enchantées et ravies

suivront cheveux en feu ces femmes éternelles

 

La tombe de Rosa Luxembourg est fermée

O tombe où le printemps bouleversant de nos âmes

déverse ses amours et sa réalité

Une tombe est fermée et tant d’autres s’entrouvrent

Des colombes enchantées iront porter les armes

à des mains magnifiques et parfaitement libres

 

Traces lumineuses de vos pas femme parfaite

Nous vous suivrons toujours

Merveille de la foi

 

III

Au-dessus de mon front il y a un soleil

Un soleil aussi sec qu’un hareng saur

Il y a des fontaines taries

Toutes les fontaines sont taries

Tous les mondes sont perdus en mer

et toutes les étoiles sont inimitables

 

Monde vaillant

réveille-toi dans tes os

Dans les prairies si hautes la mort est pareille à la vie

et la vie doit t’appartenir

Monde vivant Monde extrême

isolé dans la nature comme une route inconnue des états sous-marins

Une seule goutte d’eau née derrière tant de paupières

faisant germer des hommes au cœur étincelant

 

dans le monde vivant

et dans le monde à venir

une seule goutte de rêve fait venir la tempête

Balayeurs aux beaux yeux dispersez les nuages

 

 

In, Revue « La Révolution surréaliste, N°8, Ier Décembre 1926 »

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