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Le bar à poèmes
11 octobre 2023

Marc Guyon (1946 -) : Lydienne

AVT_Marc-Guyon_9646[1]

 

Lydienne

(extrait)

 

Ne me conduis pas hors de moi je te préfère

Presque sœur et semblable à ce qui fleurit

Que je ne succombe pas à ton nom

Ce qui nous constitue en propre

Doit mesurer     Sur la frontière du désert

Eclate la mer brûlante où sont enfouis les héros

Leurs voix sanctifient nos pieds

Dans le discord de l’écume percée

Je ne sais les mots de l’éloge mais le grand souffle de la pente

Je te gravirai sans un cri si je reprends haleine

Je chasserai à la porte ancienne des ombres

Qui captivent mais j’ai l’effroi d’un enfant

Le char de feu laboure ma veine

Je le sais tu te tiens au bord du néant

Tel est le divin qu’il faut le prendre

Pourtant c’est lui qui habite en nous

Son apparition impose de l’implorer

Par où nous entrons à l’unisson de la terre

En un destin

Aussi pouvons-nous dire les images qui le montrent

Nous nous reconnaissons     Tel culte fut rendu

Dont nous ne percevons que le fantôme hagard

Comment mortels prenons-nous figure ?

Le dieu sort de la terre mère

Nous l’arrachons de notre vue

Nous nous levons semblables au soleil qui meurt

Et revient     Que nous soyons debout dans la lumière

Que nous le supportions c’est que le divin

Nous dresse comme des arbres

Entre néant plus fermement que les montagnes

Pour nous se montre ce qu’il faut voir

A travers la fenêtre tout se dispose

Ainsi que je me reçoive     De la couleur

Nous prenons vie non seulement par les yeux

Que nous ayons vue sur la plus simple chose

Est magnificence     L’émotion fait dire

Le don des choses et de la langue accouplées

La flèche céleste ouvre le cœur mortel

Au tranchant de l’être

Le long de notre corps goutte le vin

A travers lui le nom du dieu semble

Une reconnaissance maternelle

Nous mourrons femmes et pleurons

Le Sacré est immobile

 

Si la langue s’éveille aux traces

De la vallée natale

Malheur est le manque du juste mot

Il faut tenir le silence

Qu’en maîtres nous nous présentions

Aux filles de la Mémoire

Quand l’éclat du ciel fauche

La subsistance une grande fragilité

Nous drape     A percevoir la racine

Les yeux s’ouvrent démesurément

Au-dessus est tout entier

Souffrance     De la déchirure

Vit la simple écoute de la Moire

 

In, revue « Le Nouveau commerce, N°29, automne 1974 »

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