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Le bar à poèmes
11 juin 2018

Abd al-ʿAziz al-Maqālih (1937 - 2022) / المقالح, عبد العزيز : « La nuit prisonnière ...»

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La nuit prisonnière s’étendait sur le lit de la terre

Buvant les nuages de la saison pluvieuse.

Feu au sein des étoiles de l’Orient éteint,

Le soleil était comme une femme prisonnière

Voilée de ténèbres derrière l’horizon.

S’était brisée le vert visage de la joie

Nulle paupière lavée par le sommeil

Sommeil sans sommeil,

Les arbres, les hommes, les rochers, la mer – sans sommeil.

La rivière – sans rivière...

Le pont émigré au désert

Les yeux s’usent à scruter l’obscurité

Et se ferment effrayés.

Sur son visage de pierre, des milliers de regards assoiffés...

Aiguillons, épines, questions :

Où est l’eau, où est la rivière ?

O pont dans le désert

Les palmiers de sa joie ont séché,

Les oiseaux de notre ville ont péri dans le sable

Meurent les cavaliers du soleil levant...

Quand reverdira le soleil,

Quand les nuées seront-elles grosses de pluie ?

...............................................................

Sommeil sans sommeil,

Rivière sans rivière

Ivre de détours...

Au sein de la terre s’enfonce le pont

S’enfoncent ses assises de pierre

Le flanc de la terre jaune

Est blessé par le noir ennui de la pierre

Le mal ronge au cœur le rocher,

          suine au visage de la nuit

          du sang

          une tombe

          une litière de mort

 

***

 

L’absence d’eau est un cri

Et la nuit une femme lascive

Qui s’étire sur le lit de la terre, enceinte et frivole

Le soleil tarde au rendez-vous

Qui le réveillera ?

Qui le sortira de sa couche, ?

Pour la nuit muette, notre voyage a trop duré

Pour nous, pas de soleil... pas de nourriture...

Pas de rivière... pas d’espace...

Le pont s’enfonce

                  s’enfonce

                       s’enfonce

Des regards altérés percent le visage des pierres

Et les pierres les écrasent de leur silence

La nuit s’étend comme une fumée

Cherchant un autre feu

Cherchant un cœur dans un autre lit...

L’aube va-t-elle enfin venir ?

Ici, la terre est une jeune femme qui attend l’aurore,

Enceinte...

 

Elle allaite la glaise rouge et verte

Elle allaite les arbres et les roses rouges

Pour que viennent les oiseaux du jour

Qui construisent des villes chaleureuses,

Des ponts pour l’amour, et des rivières pour l’eau.

 

 

Traduit de l’arabe par un collectif

In, « Poèmes de la révolution yéménite »

Editions Encres vives,31770, Colomiers, 1979

Du même auteur : 

Télégrammes de désir à Sanaâ (11/06/2019)

 Un billet pour elle (27/12/2023)

 

 

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