Guy Goffette (1947-2024) : Aux lisières
Photo : Catherine Hélie / Gallimard
Aux lisières
I
Nous avons longtemps cru qu’il nous suffisait
d’allonger le bras pour toucher le ciel
et tenir en laisse le vieil horizon
si longtemps qu’en nous le geste demeure
à la vue d’une femme à l’aube surprise
lavant dans ses larmes le jour et la nuit
que plus rien ne reste à la fin que l’ombre
pour raser de frais au fil de l’amour
nos corps effondrés dans la chambre avec
le ciel comme un bas sur le parquet nu.
II
Amour, disais-tu. J’entendais lisières
genêts, passerelles. Tes yeux résistaient.
Ce n’était pourtant qu’un seuil à franchir.
Déborder le corps et qu’amour soit d’eau
vive, non comme ici lac où tournent tournent
poissons et noyés, le ciel, les nuages
les belles promesses. Reste, disais-tu.
Je voyais mourir les hommes aux barrières
battre comme un bleu crevé par l’orage
leurs bras affolés leurs ailes d’Icare..
L’adieu aux lisières
Editions Gallimard, 2007
Du même auteur :
« Si tu viens pour rester… » (30/07/2016)
Dimanche de poissons (30/07/2017)
Le poids du silence (30/07/2018)
Un peu d’or dans la boue (30/07/2019)
« La mer quand elle a fait son lit... » (05/01/2020)
Du jardin (05/01/2022)
Lettre à mon père (05/01/2023)
Tant de choses (05/01/2024)
Le chiffre (05/01/2025)