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Le bar à poèmes
1 décembre 2019

Paul Celan (1920 – 1970) : Psaume / Psalm

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Psaume 

 

Personne ne nous pétrira de nouveau de terre et d’argile,

personne ne soufflera la parole sur notre poussière.

Personne.

 

Loué sois-tu, Personne.

C’est pour te plaire que nous voulons

fleurir.

A ton

encontre.

 

Un Rien

voilà ce que nous fûmes, sommes et

resterons, fleurissant :

la Rose de Néant, la

Rose de Personne.

 

Avec

le style, lumineux d’âme,

le filet d’étamine, ravage du ciel,

la couronne rouge

du mot pourpre que nous chantions,

au-dessus, ô, au-dessus

 de l’épine.

 

Traduit de l’allemand par Jean-Pierre Lefebvre

in, Paul Celan : « Choix de poèmes, réunis par l’auteur »

Editions Gallimard (Poésie), 1998

 

Psaume

 

Personne ne nous pétrira plus de terre et de glaise,

personne n’insufflera plus sa parole à notre poussière.

Personne.

 

Béni sois-tu, Personne.

Pour l’amour de toi

nous fleurirons.

Contre

toi.

 

Un néant

Nous étions, nous sommes, nous

resterons, fleurissant :

la rose du néant, la

rose de personne.

 

Avec

sa tige clair d’âme,

son étamine déserte de ciel

sa corolle rouge

de la parole pourpre que nous avons chantée

au-dessus, ô au-dessus

de l’épine.

 

 

Traduit de l’allemand par Stéphane Mosès

In, Revue « Po&sie, N° 124 »

Editions Belin, 2008

Du même auteur :

Fugue de mort / Todesfuge (01/12/2014)

Strette / Engfürhrung (01/12/2015)

 Matière de Bretagne (01/12/2016)

Le Menhir (01/12/2017)

« Voix... / Stimmen... » (01/12/2018)

Eloge du lointain / Lob der Ferne  (01/12/2020)

« La nuit, quand le pendule de l’amour... » / « Nachts, wenn das Pendel der Liebe... » (01/12/2021)

Port / Hafen (01/12/2022)

« Dans la matière des anges... » (01/12/2023)

Quatre poèmes berlinois (1967) (01/12/2024)

 

 

 

 

 Psalm

 

Niemand knetet uns wieder aus Erde und Lehm,

niemand bespricht unsern Staub.

Niemand. 

 

Gelobt seist du, Niemand.

Dir zulieb wollen

wir blühn.

Dir

entgegen. 

 

Ein Nichts

waren wir, sind wir, werden

wir bleiben, blühend:

die Nichts-, die

Niemandsrose. 

 

Mit

dem Griffel seelenhell,

 dem Staubfaden himmelswüst,

der Krone rot

vom Purpurwort, das wir sangen

über, o über

dem Dorn.

 

Die Niemandsrose

Fischer Verlag, Frankfurt,1963

 

Poème précédent en allemand :

Messages clandestins, poèmes 1945 – 1956 / Kassiber, gedichte 1945 – 1956 (IV) (28/11/2019)

Poème suivant en allemand :

Raoul Schrott  : Corollaires VI / Korollarien VI (01/01/2020)

 

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