Vicente Huidobro (1893 – 1948) : Chemin inutile
Chemin inutile
Couper le soupir de l’infini jailli de notre cœur
Couper le soir aux grand seins désolés
La peur des lèvres avant que ne monte le chant
La peur de la montagne devant la lune
Et du temps en ma tête devant le temps vide
Je foule mon chant désespéré
Cherchant le coin secret de moi-même
Sans crainte de tomber sur mes montagnes
Sans crainte de la tempête qui se prépare en mes yeux
Je parcours mon navire
Je piétine ce squelette sans retour et sans tristesse
Je marche je marche
Menacé par mes propres germes
Par cette obscurité qui voudrait chanter
Les vagues du navire sont comptées
L’esprit de la sève coule en son arbre astrologique
Il ne m’obéit pas lorsque ma voix atteint son destin
Lorsque j’ouvre les yeux pour absorber le soleil
Traduit de l’espagnol par Fernand Verhesen
in, Vicente Huidobro « Le Citoyen de l’esprit »
Editions Saint-Germain-des-Prés, 1974
Du même auteur :
La matelotte (01/10/2017)
L’homme triste (01/10/2018)
Deux poèmes (01/10/2020)
Quatre poèmes (01/10/2021)
Tour Eiffel (01/10/2022)
Quelqu’un vient de mourir en moi (01/10/2023)
Orage (01/09/2024)