Gérard Le Gouic (1936 - ) : Cairn de Barnenez
Cairn de Barnenez
La nuit primitive
qui s’élève de la terre noire,
et la lumière des premiers hommes
au-dessus de la baie immuable.
Une seule pierre déplacée
et l’arc-en-ciel des silex s’effondre,
une seule pierre ajoutée
et tout le promontoire gronde.
L’oiseau dépose son fragment de ciel,
le lézard inscrit sa ligne fugitive,
le vent et la pluie brassent
le levain des pierres.
Chaque caillou est un son arrêté,
chaque pierre une pensée d’un défunt,
chaque bloc est un rêve
qui continue de se réaliser.
Alentour la ronce chante,
le genêt distribue ses trilles jaunes,
l’ajonc percute les amorces marines,
le buisson de pierre comme une vasque de lune.
L’essaim de pierres attend sa ruche,
le cadran son aiguille solaire,
le grenier de pierre s’ouvre aux étoiles
et à la brise qui sème.
Dans le désordre des îles
il manquait un guetteur
aux yeux de houx et de jonquilles
Les hommes l’ont halé de leur âge de l’avenir.
Le grondement d’une vague de fond
qui a escaladé le promontoire
et s’est figé au sommet tel un migrateur
en attente d’un nouvel envol.
Revue « Poésie 1, N° 41, Mars 2005
Le cherche-midi éditeur, 2005
Du même auteur :
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