Tawfiq Sayigh (1923 – 1971) / توفيق عبد الله صايغ : « Ce fantôme qui ne me lâche pas... »
Ce fantôme qui ne me lâche pas
que je connais depuis que je connais la vie,
n’y-a-t-il pas une patrie qui l’appellerait dans le sommeil
et il m’abandonnerait pour elle ?
N' y-a-t'il pas un coup de trompette?
auquel il donnerait accord ?
n’y-a-t-il pas un temple pour qu’il porte la bure ?
N’y-a-t-il pas le frémissement d’une silhouette
pour qu’il se torde, dans l’isolement, une heure le soir ?
J’ai déchiré mon passeport quand j’y ai vu sa photo avec la mienne,
J’ai changé mon prénom quand je l’ai usurpé,
j’ai renié ma patrie le jour où il y a adhéré au même parti que moi.
J’ai fui, j’ai disparu,
je me suis insinué la nuit dans le désert,
j’ai laissé ma barbe pousser,
j’ai gravé un tatouage sur mon visage ;
puis dans un pays étranger
je me suis étendu et j’ai souri.
Il s’est dressé devant mes yeux, il a ricané.
Il est avec moi quand je le vois,
et quand je ne le vois pas
comme une bosse il est avec moi.
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(Trente poèmes)
Traduit de l’arabe par Saleh Diab
in, « Poésie syrienne contemporaine. Edition bilingue »
Le Castor Astral, éditeur, 2018