Hirsh Glick (1922 – 1944) : Nous sommes là
Nous sommes là
Chant du ghetto de Varsovie
Ne dis jamais que tu prends ton dernier chemin
Quand les jours bleus sont écrasés sous un ciel bas,
L’heure viendra que nous avons tant espérée
Frappant le sol nos pas nous diront : nous sommes là !
Des palmiers verts jusqu’aux lointains pays neigeux
! le cœur en peine et douloureux,
Où notre sang goutte après goutte fut semé
Notre courage et notre force vont germer.
Soleil futur tu embellis le jour présent,
Hier est l’ombre où disparaîtront nos tyrans,
Si le soleil se perd avant le jour levant
Tel un appel d’âge en âge soit notre chant.
Il fut écrit, ce chant, par le sang, par le feu,
Ce n’est pas le chant d’un oiseau dans le ciel bleu,
Quand tout brûlait, parmi les tours qui s’écroulaient,
Fusil en main mon peuple a chanté ses couplets.
Ne dis jamais que tu prends ton dernier chemin
Quand les jours bleus sont écrasés sous un ciel bas,
L’heure viendra que nous avons tant espérée
Frappant le sol nos pas nous diront : nous sommes là !
Traduit du yiddish par Charles Dobzynski
In, « Anthologie de la poésie yiddish. Le miroir d’un peuple »
Editions Gallimard (Poésie), 2000