04 juin 2022

Jacques Prevel (1915 – 1951) : « Que chaque parole... »

"Portrait de Jacques Marie Prevel", dessin d' Antonin Artaud, 1947 (Centre Pompidou, Paris)     Que chaque parole me soit comme un bruit de ressac Et qu’importe que mon sang coule et que je sois meurtri Je ne périrai pas si je ne fais pas un geste affolé Pour arrêter cette course située dans l’élargissement incandescent de la durée Je ne périrai pas Si ma voix ne s’élève que pour conjuguer le sarcasme avec ce vertige de me       reconnaître Et non pour demander que s’arrêtent cette mort... [Lire la suite]
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04 juin 2021

Jacque Prevel (1915 – 1951) : « J’ai tout jeté dans l’extase... »

  J’ai tout jeté dans l’extase et dans la terreur La stupide raison le rapt de la faiblesse Et ma vie avec ses meurtrissures Et il y a sur la seule ville au monde Un ciel gris tamisé de larmes Et la respiration de mes ennemis par milliards Qui conduisent d’une main sans contrôle La destinée de cette cité fabuleuse Qui s’est emparée pour toujours du dédale et de la misère   Je suis dans une chambre étroite Qui a gardé le luxe de la souffrance Et d’un amour qui a vécu dans la famine Il y a sur la table brisée ... [Lire la suite]
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04 juin 2020

Jacques Prevel (1915 – 1951) : Tous nos amis sont morts

Jacques Prevel de profil, dessind'Antonin Artaud, 1947, Musée Cantini, Marseille. Crédit photo : JeanBernard Tous nos amis sont morts A Roger-Gilbert Lecomte, René Daumal, Hendrick Kramer, Luc Diétrich.   Tous nos amis sont morts Nous nous sommes égarés malgré tous nos espoirs Mais nous étions des êtres incapables de mourir Et nous avons été trop semblables à nous-mêmes Et jamais personne ne comprendra Jamais personne ne nous entendra Jamais personne ne se souviendra   Et ce soir avec ma poitrine ouverte A tous... [Lire la suite]
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04 juin 2019

Jacques Prevel (1915 – 1951) : En dérive vers l’absolu

  En dérive vers l’absolu Il ne me reste qu’à enfreindre l’ordre De toute justice Pour me détacher sans consentement De sa violence qui m’accable J’ai vécu dans la confusion Je suis mort de la confusion Pour ma défense qu’aurai-je à dire Mes forces se détruisent et me détruisent dans l’égarement Je suis un criminel Qui n’a pas compris le geste simulé     En dérive vers l’absolu Editions Seghers, 1952 Du même auteur :  « Dans le temps, dans la nuit... » (04/06/2014) « Ce que... [Lire la suite]
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04 juin 2018

Jacques Prevel (1915 – 1951) : « J’ai souffert... »

  J’ai souffert autant qu’on peut souffrir au monde Mais j’ai connu la joie atroce de rêver J’ai connu la douleur d’effacer son visage Au feu de ma raison J’ai connu dans la nuit avide de mon sang Le vent jaloux de Dieu Le vent qui n’a jamais connu sa voix d’enfant J’ai connu l’attente obscure La foule avide et dérisoire Distribuant ses fantômes et noyant ma mémoire Raz de marée brisant ma vie À travers les brouillards de ses yeux dispersés J’ai connu l’obsession d’un mal que je vénère J’ai connu le tourment du... [Lire la suite]
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04 juin 2017

Jacques Prevel (1915 – 1951) : "Au moment d’écrire..."

  Au moment d’écrire j’ai déjà perdu par le doute l’ivresse de la vision Et cette terre m’abandonne où je suis venu me briser Je connaissais en m’éveillant Ce que je ne pourrai vous répéter sans trahir C’était l’horreur de toute mécanique de l’esprit L’horreur des oeuvres décalquées sur l’automatisme cérébral des scléroses Pierres polies et dépolies par le flux et le reflux de ce qui ne peut se répéter Et je dénonce la raison paranoïaque des moines valorisée par l’avortement ... [Lire la suite]
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04 juin 2016

Jacques Prevel (1915 -1951) : « Enfant je me suis étonné… »

    Enfant je me suis étonné De me retrouver en moi-même D’être quelqu’un parmi les autres Et de n’être que moi pourtant.   Plus tard je me suis rencontré Je me suis rencontré comme quelqu’un qu’on croyait mort Et qui revient un jour vous raconter sa vie Et ce mort en moi-même m’a légué son passé Je suis devenu un inconnu pour moi Vivant à travers lui Chargé de son message irréel et pesant.   Et la Peur est venue De mon exil et de ce vide autour de moi Du son de mes paroles qui n’atteignait... [Lire la suite]
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04 juin 2015

Jacques Prevel (1915-1951) : « Ce que je peux dire… »

  Ce que je peux dire C’est que j’ai vécu sans rien comprendre C’est que j’ai vécu sans rien chercher Et ce qui m’a poussé jusqu’à l’extrême mesure Jusqu’à l’extrême dénuement C’est en moi je ne sais quelle force Comme un rire qui transparaîtrait dans un visage tourmenté Quand on a vu toutes les choses se perdre et mourir Et quand on est mort comme elles de les avoir aimées Le vent les feuilles la pluie le froid et l’amour qui leur donnait      une mémoire Je ne pourrai plus jamais sans doute me... [Lire la suite]
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04 juin 2014

Jacques Prevel (1915 -1951) : "Dans le temps dans la nuit..."

  Dans le temps dans la nuit Je te parlerai Dans le temps dans la nuit je pourrai répondre à voix basse Le seul moment que la vie m'a volé Dans le temps dans la nuit je retrouverai ton visage Et la forme de mon visage Je te parlerai dans le temps je te parlerai dans la nuit J'écarterai enfin l'affreuse douleur de mon silence J'écarterai enfin les jours mortels Je te parlerai hors du temps je te parlerai dans la nuit J'effacerai les traces amères de l'attente J'effacerai le traces amères de l'oubli Dans mes deux... [Lire la suite]
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