18 avril 2023

Cesare Pavese (1908 – 1950) : Le paradis sur les toits / Il paradiso sui tetti

Cesare Pavese — Fonte: Ansa   Le paradis sur les toits   Le jour sera tranquille, froidement lumineux comme le soleil qui naît ou qui meurt et la vitre hors du ciel retiendra l’air souillé.   On s’éveille un matin, une fois pour toujours, dans la douce chaleur du dernier sommeil : l’ombre sera comme cette douce chaleur. Par la vaste fenêtre un ciel plus vaste encore remplira la chambre. De l’escalier gravi une fois pour toujours ne viendront plus ni voix ni visages défunts.   Il sera... [Lire la suite]
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05 octobre 2022

Cesare Pavese (1908 – 1950) : Manie de solitude / Mania di solitudine

Huile sur toile de Laura Oréni, 2011   Manie de solitude   Je dîne légèrement à la claire fenêtre. Il fait déjà noir dans la chambre et l’on voit dans le ciel. Dehors, les rues tranquilles mènent en pleine campagne au bout de peu de temps. Je mange et je regarde le ciel - qui sait combien de femmes sont en train de manger à cette heure – et mon corps est tranquille ; le travail étourdit chaque femme et mon corps.   Dehors, après le dîner, les étoiles viendront et toucheront la terre, sur la plaine sans... [Lire la suite]
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18 avril 2022

Cesare Pavese (1908 – 1950) : Dépaysement / Gente Spaesata

  Dépaysement   Trop de mer. Nous l’avons assez vue cette mer. Le soir, quand l’eau s’étend délavée et se perd dans le néant, mon ami la regarde fixement, je fixe mon ami et personne ne parle. La nuit, on finit par aller s’enfermer dans le fond d’un bistrot, perdus dans la fumée, et on boit. Mon ami a ses rêves (les rêves qu’accompagnent les vagues qui déferlent sont un peu monotones) où l’eau n’est qu’un miroir, entre une île et une autre, de collines que diaprent cascades et fleurs sauvages. C’est comme ça... [Lire la suite]
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05 octobre 2021

Cesare Pavese (1908 – 1950) : L’Etoile du matin / Lo steddazzu

Portrait de Cesare Pavese par Nurdan Kasali (2011)   L’étoile du matin   La mer est encore sombre, les étoiles vacillent quand l’homme seul se lève. Une tiédeur d’haleine s’élève de la rive, où la mer a son lit, et apaise le souffle. C’est l’heure maintenant où rien ne peut arriver. La pipe elle-même pend entre les dents, éteinte. L’eau murmure tranquille, nocturne. L’homme seul a déjà allumé un grand feu de branchages et regarde le sol qui rougeoie. Bientôt la mer sera elle aussi comme le feu, flamboyante. ... [Lire la suite]
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18 avril 2021

Cesare Pavese (1908 – 1950) : Eté – Eté 1 / Estate – Estate I

  Eté   Il est un jardin clair, herbe sèche et lumière, entouré de murets, qui réchauffe sa terre doucement. Lumière qui évoque la mer. Tu respires cette herbe. Tu touches tes cheveux et tu en fais jaillir le souvenir.   ... [Lire la suite]
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18 avril 2020

Cesare Pavese (1908 – 1950) : Femmes passionnées / Donne appassionate

  Femmes passionnées   Les filles au crépuscule descendent dans l’eau Quand, étale, la mer disparaît. Dans le bois chaque feuille tressaille tandis qu’elles émergent prudentes sur le sable et s’assoient sur la rive. L’écume joue inquiète le long de l’eau lointaine.   Les filles ont peur des algues enfouies sous les vagues qui s’agrippent aux épaules et au jambes : ce qui est nu de leurs corps. Lestement elles regagnent la rive et s’appellent l’une l’autre, épiant autour d’elles. Les ombres aussi, sur... [Lire la suite]
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18 avril 2019

Cesare Pavese (1908 – 1950) : Paysage V, VI, VII, VIII / Paesaggio VI, VII, VIII

Paysage V   Les collines insensibles qui remplissent le ciel sont vivantes à l’aube, puis restent immobiles figées depuis toujours et le soleil les regarde. Ce serait une joie de les couvrir de vert et dans le vert, épars, les fruits et les maisons. A l’aube, chaque arbre serait une vie prodigieuse et les nuages auraient un sens.   Seule manque une mer qui soit étincelante et inonde la plage d’un rythme monotone. Aucun arbre ne se dresse sur la mer, aucune feuille n’y bouge : Quand il pleut sur la mer,... [Lire la suite]
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18 avril 2018

Cesare Pavese (1908 – 1950) : La mort viendra et elle aura tes yeux / Verrà la morte e avrà i tuoi occhi

  La mort viendra et elle aura tes yeux 11 mars – 10 avril 1950   TO C. FROM  C.     Toi, sourire diapré sur la glace des neiges – vent de mars, branches en cortège jaillies sur la neige, ardente et plaintive dans tous tes manèges – daine aux membres blancs, gracieuse, puissé-je connaître encore la grâce ondoyante de tous les jours, la dentelle d’écume de tous tes tours – la plaine là-bas demain sera glacée – toi, sourire diapré toi, rire étincelant. 11 mars 1950   IN THE... [Lire la suite]
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18 avril 2017

Cesare Pavese (1908 – 1950) : La terre et la mort / La terra e la morte

  La terre et la mort   Terre rouge terre noire, tu viens de la mer, des campagnes brûlées où sont les mots anciens et des peines de sang et des géraniums entre les rochers – tu ne sais pas ton poids de mer de mots de peines, ô toi riche comme un souvenir, comme l’aride campagne, ô toi dure et très douce parole, ancienne par le sang amassé dans tes yeux ; jeune, comme un fruit qui est souvenir et saison – ton haleine repose sous le ciel de l’été, tes regards en olive adoucissent la mer, et tu... [Lire la suite]
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18 avril 2016

Cesare Pavese (1908 -1950) : Paysage, Paysage I, II,III, IV

  Paysage   Bien souvent au matin, sur la glace de l’eau une barque remonte, toute de jupons clairs. La maigre colline étendue dans la brume du soleil est encore nue et se drape de verte puberté, comme d’un voile. La barque maladroite a parfois des sursauts où l’écume blanchit.   Les filles dans l’effort entremêlent leurs bras et parlent par saccades. « Vous allez voir comment le soleil fait bronzer. » Leurs épaules sont nues dans le vent. La colline de rouille sourit dans le ciel. Les filles... [Lire la suite]
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