24 octobre 2022

José-Maria de Heredia (1842 – 1905) : Soir de bataille

  Soir de bataille   Le choc avait été très rude. Les tribuns Et les centurions, ralliant les cohortes, Humaient encor dans l'air où vibraient leurs voix fortes La chaleur du carnage et ses âcres parfums. D'un oeil morne, comptant leurs compagnons défunts, Les soldats regardaient, comme des feuilles mortes, Au loin, tourbillonner les archers de Phraortes ; Et la sueur coulait de leurs visages bruns. C'est alors qu'apparut, tout hérissé de flèches, Rouge du flux vermeil de ses blessures fraîches, Sous la... [Lire la suite]
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09 octobre 2021

José-Maria de Heredia (1842 – 1905) : Brise marine

  Brise marine   L'hiver a défleuri la lande et le courtil. Tout est mort. Sur la roche uniformément grise Où la lame sans fin de l'Atlantique brise, Le pétale fané pend au dernier pistil.   Et pourtant je ne sais quel arome subtil Exhalé de la mer jusqu'à moi par la brise, D'un effluve si tiède emplit mon coeur qu'il grise ; Ce souffle étrangement parfumé, d'où vient-il ?   Ah ! Je le reconnais. C'est de trois mille lieues Qu'il vient, de l'Ouest, là-bas où les Antilles bleues Se pâment sous... [Lire la suite]
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09 octobre 2020

José-Maria de Heredia (1842 – 1905) : Suivant Pétrarque

  Suivant Pétrarque     Vous sortiez de l'église et, d'un geste pieux, Vos nobles mains faisaient l'aumône au populaire, Et sous le porche obscur votre beauté si claire Aux pauvres éblouis montrait tout l'or des cieux.   Et je vous saluai d'un salut gracieux, Très humble, comme il sied à qui ne veut déplaire, Quand, tirant votre mante et d'un air de colère Vous détournant de moi, vous couvrîtes vos yeux.   Mais Amour qui commande au coeur le plus rebelle Ne voulut pas souffrir que,... [Lire la suite]
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09 octobre 2019

José-Maria de Heredia (1842 – 1905) : Soleil couchant

    Soleil couchant   Les ajoncs éclatants, parure du granit, Dorent l'âpre sommet que le couchant allume ; Au loin, brillante encor par sa barre d'écume, La mer sans fin commence où la terre finit.   A mes pieds c'est la nuit, le silence. Le nid Se tait, l'homme est rentré sous le chaume qui fume. Seul, l'Angélus du soir, ébranlé dans la brume, A la vaste rumeur de l'Océan s'unit.   Alors, comme du fond d'un abîme, des traînes, Des landes, des ravins, montent des voix lointaines ... [Lire la suite]
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09 octobre 2017

Jose-Maria de Heredia (1842 – 1905) : Armor

  Armor   Pour me conduire au Raz, j'avais pris à Trogor  Un berger chevelu comme un ancien Evhage ;  Et nous foulions, humant son arôme sauvage,  L'âpre terre kymrique où croît le genêt d'or.     Le couchant rougissait et nous marchions encor,  Lorsque le souffle amer me fouetta le visage ;  Et l'homme, par-delà le morne paysage  Étendant un long bras, me dit : Sell euz ar-mor (1) !     Et je vis, me dressant sur la bruyère rose,  L'Océan qui,... [Lire la suite]
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22 août 2016

José – Maria de Heredia ( 1842 – 1905) : La sieste

  La sieste     Pas un seul bruit d'insecte ou d'abeille en maraude, Tout dort sous les grands bois accablés de soleil Où le feuillage épais tamise un jour pareil Au velours sombre et doux des mousses d'émeraude.   Criblant le dôme obscur, Midi splendide y rôde Et, sur mes cils mi-clos alanguis de sommeil, De mille éclairs furtifs forme un réseau vermeil Qui s'allonge et se croise à travers l'ombre chaude.   Vers la gaze de feu que trament les rayons, Vole le frêle essaim des riches... [Lire la suite]
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13 mai 2015

José Maria de Heredia (1842 - 1905) : Maris stella

Maris stella    Sous les coiffes de lin, toutes, croisant leurs bras  Vêtus de laine rude ou de mince percale,  Les femmes, à genoux sur le roc de la cale,  Regardent l'Océan blanchir l'île de Batz.   Les hommes, pères, fils, maris, amants, là-bas,  Avec ceux de Paimpol, d'Audierne et de Cancale,  Vers le Nord, sont partis pour la lointaine escale.  Que de hardis pêcheurs qui ne reviendront pas !   Par-dessus la rumeur de la mer et des côtes  Le chant plaintif... [Lire la suite]
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13 mai 2014

José Maria de Heredia (1842 - 1905) : Les conquérants

Les conquérants   Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal, Fatigués de porter leurs misères hautaines, De Palos de Moguer, routiers et capitaines Partaient, ivres d'un rêve héroïque et brutal. Ils allaient conquérir le fabuleux métal Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines, Et les vents alizés inclinaient leurs antennes Aux bords mystérieux du monde Occidental. Chaque soir, espérant des lendemains épiques, L'azur phosphorescent de la mer des Tropiques Enchantait leur sommeil d'un mirage doré ; Ou... [Lire la suite]
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