Verlaine
I
Le faible Verlaine
L’enfant trop grand, l’enfant mal décidé à l’homme, plein de secrets et
plein de menaces,
Le vagabond à longues enjambées qui commence, Rimbaud, et qui s’en va
de place en place,
Avant qu’il n’ait trouvé là-bas son enfer aussi définitif que cette terre le lui
permet,
Le soleil en face de lui pour toujours et le silence le plus complet,
Le voici... [Lire la suite]
Le cocotier
Tout arbre chez nous se tient debout comme un homme, mais immobile ;
enfonçant ses racines dans la terre, il demeure les bras étendus. Ici, le sacré
banyan ne s’exhausse point unique : des fils en penchent par où il retourne
chercher le sein de la terre, semblable à un temple qui s’engendre lui-même.
Mais c’est du cocotier seulement que je vais parler.
Il n’a point de branches ; au sommet de sa tige, il érige une touffe de palmes.
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La Muse qui est la Grâce
Encore, encore la mer qui revient me rechercher comme une barque,
La mer encore qui retourne vers moi à la marée de syzygie et qui me
lève et remue de mon ber comme une galère allégée,
Comme une barque qui ne tient plus qu’à sa corde, et qui danse
furieusement, et qui tape, et qui saque, et qui fonce, et qui encense, et qui
culbute, le nez à son piquet,
Comme le grand pur sang que l’on... [Lire la suite]
Deuxième Ode
L’esprit et l’eau
Après le long silence fumant,
Après le grand silence de maints jours tout fumant de rumeurs
et de fumées,
Haleine de la terre en culture et ramage des grandes villes dorées,
Soudain l’Esprit de nouveau, soudain le souffle de nouveau,
Soudain le coup sourd au cœur, soudain le mot donné, soudain
le souffle de l’Esprit, le rapt sec, soudain la... [Lire la suite]