23 janvier 2023

André Breton (1896 – 1966) : « Toujours pour la première fois... »

  Toujours pour la première fois C’est à peine si je te connais de vue Tu rentres à telle heure de la nuit dans une maison oblique à ma fenêtre Maison tout imaginaire C’est là que d’une seconde à l’autre Dans le noir intact Je m’attends à ce que se produise une fois de plus la déchirure fascinante La déchirure unique De la façade et de mon cœur Plus je m’approche de toi En réalité Plus la clé chante à la porte de la chambre inconnue Où tu m’apparais seule Tu es d’abord tout entière fondue dans le brillant L’angle... [Lire la suite]
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23 janvier 2022

André Breton (1896 – 1966) : « Dites-moi où s’arrêtera la flamme... »

  Dites-moi où s’arrêtera la flamme Existe-t-il un signalement des flammes Celle-ci corne à peine le papier Elle se cache dans les fleurs et rien ne l’alimente Mais on voit dans les yeux et l’on ne sait pas non plus ce qu’on voit dans les      yeux Puisqu’ils vous voient Une statue est agenouillée sur la mer mais Ce n’est plus la mer Les phares se dressent maintenant dans la ville Et barrent la route aux blocs merveilleux de glace et de chair Qui précipitaient dans l’arène leurs innombrables... [Lire la suite]
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23 janvier 2021

André Breton (1896 – 1966) : « J’aimerais n’avoir jamais commencé... »

  J’aimerais n’avoir jamais commencé Et m’enquérir de la vie Comme un roi jadis rendait la justice sous un chêne Le monde serait un crible L’avoine folle du temps se courberait au loin Comme des cheveux dont je n’aurais pas à connaître le bruit Bien qu’ils soient pleins de petits morceaux de verre Le drapeau de l’invisibilité flotterait au-dessus des maisons que j’ai habitées Il flotterait sur ma vie comme sur une maison dont l’extérieur seul est achevé Drapeau de toutes les couleurs et qui battrait si vite J’aurais... [Lire la suite]
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23 janvier 2020

André Breton (1896 – 1966) : Le verbe être

  Le verbe être        Je connais le désespoir dans ses grandes lignes. Le désespoir n’a pas d’ailes, il ne se tient pas nécessairement à une table desservie sur une terrasse, le soir, au bord de la mer. C’est le désespoir et ce n’est pas le retour d’une quantité de petits faits comme des graines qui quittent à la nuit tombante un sillon pour un autre. Ce n’est pas la mousse sur une pierre ou le verre à boire. C’est un bateau criblé de neige, si vous voulez, comme les oiseaux qui tombent... [Lire la suite]
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23 janvier 2019

André Breton (1896 – 1966) : « On me dit que là-bas... »

  On me dit que là-bas les plages sont noires De la lave allée à la mer Et se déroulent au pied d’un immense pic fumant de neige Sous un second soleil de serins sauvages Quel est donc ce pays lointain Qui semble tirer toute sa lumière de ta vie Il tremble bien réel à la pointe de tes cils Doux à la carnation comme un linge immatériel Frais sorti de la malle entr’ouverte des âges Derrière toi Lançant ses derniers feux sombres entre tes jambes Le sol du paradis perdu Glace de ténèbres miroir d’amour Et plus bas vers... [Lire la suite]
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23 janvier 2018

André Breton (1896 – 1966) : La lanterne sourde

Victor Brauner : "Portrait d'André Breton", Musée d'art moderne de la ville de Paris   La lanterne sourde A Aimé Césaire, Georges Gratiant, René Ménil.          Et les grandes orgues c'est la pluie comme elle tombe ici et se parfume : quelle gare pour l'arrivée en tous sens sur mille rails, pour la manœuvre sur autant de plaques tournantes de ses express de verre ! A toute heure elle charge de ses lances blanches et noires, des cuirasses volant en éclats de midi à ces armures anciennes... [Lire la suite]
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23 janvier 2017

André Breton (1896 – 1966) : Les écrits s’en vont

Peinture de Max Ernst et Marie-Berthe Aurenche, 1930   Les écrits s’en vont   Le satin des pages qu'on tourne dans les livres moule une femme si belle Que lorsqu'on ne lit pas on contemple cette femme avec tristesse Sans oser lui parler sans oser lui dire qu'elle est si belle Que ce qu'on va savoir n'a pas de prix Cette femme passe imperceptiblement dans un bruit de fleurs Parfois elle se retourne dans les saisons imprimées Et demande l'heure ou bien encore elle fait mine de regarder des bijoux bien ... [Lire la suite]
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23 janvier 2016

André Breton (1896 -1966) : Plutôt la vie.

                          Vers 1928 - 1929, Centre Pompidou - Musée national d'art moderne, Paris             Plutôt la vie   Plutôt la vie que ces prismes sans épaisseur même si les couleurs      sont plus pures Plutôt que cette heure toujours couverte que ces terribles voitures      de flammes froides Que ces pierres blettes Plutôt ce coeur à cran d'arrêt Que cette mare aux... [Lire la suite]
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23 janvier 2015

André Breton (1896 – 1966) : Ode à Charles Fourier

  Ode à Charles Fourier    En ce temps-là je ne te connaissais que de vue             Je ne sais même plus comment tu es habillé              Dans le genre neutre sans doute on ne fait pas mieux  Mais on ne saurait trop complimenter les édiles  De t'avoir fait surgir à la proue des boulevards extérieurs  C'est ta place aux heures de fort tangage  Quand la ville se... [Lire la suite]
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17 janvier 2014

André Breton (1896 - 1966) : Union Libre

  Union libre Ma femme à la chevelure de feu de bois Aux pensées d’éclairs de chaleur A la taille de sablier Ma femme à la taille de loutre entre les dents du tigre Ma femme à la bouche de cocarde et de bouquets d’étoiles de dernière grandeur Aux dents d’empreinte de souris blanche sur la terre blanche A la langue d’ambre et de verre frottés Ma femme à la langue d’hostie poignardée A la langue de poupée qui ouvre et ferme les yeux A la langue de pierre incroyable Ma femme aux cils de bâton d’écriture d’enfant Aux... [Lire la suite]
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