20 juin 2023

Fernando Pessoa (1888 – 1935) : Poèmes désassemblés (II) / Poemas Inconjuntos (II)

Statue en bronze de Pessoa par Lagoa Henriques, à la terrasse du café  "A Brasileira", Lisbonne   Poèmes désassemblés (II)   ................................................................ L’effarante réalité des choses est ma découverte de tous les jours. Chaque chose est ce qu’elle est, et il est difficile d’expliquer combien cela me réjouit et combien cela me suffit.   Il suffit d’exister pour être complet.   J’ai écrit bon nombre de poèmes. J’en écrirai bien plus, naturellement. Cela,... [Lire la suite]
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26 mai 2023

Manuel Alegre (1936 -) : Requiem

  Requiem   Il y a des morts qui tardent à mourir. Inutile de les enterrer ils reviennent s’attardent parfois dans une ombre sur un bras de fauteuil ou le bord ébréché d’une tasse. Ou alors ils se cachent dans des petites boîtes sur les tables. Il y a des objets qu’ils habitent encore et sont comme le visage transfiguré des absents leur marque dans la maison et dans l’éphémère.   C’est pourquoi il est si dur de retirer l’assiette et le couvert ranger les habits défaire le lit. Il y a des morts qui... [Lire la suite]
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16 mars 2023

Al Berto (1948 – 1997) : La mort de Rimbaud / Morte de Rimbaud

  La mort de Rimbaud   I tous les oiseaux se sont tus. les enfants sont descendus des arbres, il ont rangé leurs jouets et sont rentrés chez eux.   la nuit approche.   je lève la tête et je laisse déambuler ma voix à l’intérieur de ce silence d’eau et d’étoiles.   la nuit approche.   je laisse mon corps glisser sur la poussière lumineuse. j’allume une cigarette, je me mets à parler avec mon fantôme. loin d’ici, la ville s’est parée de ses crimes de néons, de ses trahisons. j’entends... [Lire la suite]
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19 février 2023

Antonio Ramos Rosa (1924 – 2013) : Voyage à travers une nébuleuse / Viagem através de uma nebulosa

  Voyage à travers une nébuleuse   Nuit          rainette oblique ô toute d’yeux à fleur de brume le trille monte se perd reprend cligne comme la petite étoile l’haleine de la lune il me guide à travers une nébuleuse de constellations tranquilles   Quel aérien et immobile silence harmonie de paupières et de pupilles la rondeur des étoiles a été faite pour mes mains navigatrices la scintillante et fluide poussière des cieux court dans mes veines vagues et barques... [Lire la suite]
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30 décembre 2022

Casimiro de Brito (1938 -) : « Un vase tu es un vase... / « Um vaso és um vaso... »

  Un vase tu es un vase et je vacille tandis que tes mains et ta bouche nourrissent le feu ta langue sur les bouches de mon corps tandis que j’écris et que tes narines frémissent et je vacille et je respire ton parfum et tu laves la poussière qui me couvre la saleté des villes et ton visage se promène sur ma taille tandis que les eaux se dissolvent dans mon crâne et que mes ongles s’enfoncent dans ta chair ongles de lumière lait épaules aériennes tandis que j’écris, tandis que je creuse dans ta mort tu es un lac ... [Lire la suite]
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25 décembre 2022

Gastão Cruz (1941 -) : Visages dans les wagons / Caras nas carruagens

  Visages dans les wagons   Peu reviennent Ceux que la nuit relie à leur destin informe se contentent de dormir C’est là   fin de l’hiver Le ciel n’allume que les étoiles qui dans la mer se forment Peu reviennent   au présent, berceau du temps tout entier Il n’est mémoire ni mer ni main qui puisse recueillir la lumière que perd la nuit, chaux dont elle mouille ceux qui s’en reviennent   Traduit du portugais par Michelle Giudicelli in, Gastão Cruz : « Les pierres noires » ... [Lire la suite]
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11 décembre 2022

Nuno Júdice (1949 -) : Poésie / Poesia

  Poésie   Cet arbre m’est entré par les chairs, il a plongé en moi des racines de feu ; il m’a dévoré l’âme avec ses rameaux d’ardente inspiration ; les pages blanches de son désir ont rongé jusqu’à la moindre parcelle de mon être, donnant à chaque nouveau printemps la fleur entre toutes inespérée, aux pétales mélodieux, et l’éblouissante image éclose dans le regard qui cherche le cœur de la corolle. C’est un arbre toujours vert, il n’a pas besoin d’eau ; il garde feuilles et fleurs, malgré les... [Lire la suite]
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30 octobre 2022

Sophia de Mello Breyner Andresen (1919- 2004) : A Hydra, évoquant Fernando Pessoa / Em Hydra, evocando Fernando Pessoa

  A Hydra, évoquant Fernando Pessoa   Lorsque dans le matin de juin le bateau jeta l’ancre à Hydra (Et c’est en entendant descendre le câble que je sus qu’il jetait l’ancre) Je suis sortie de la cabine et je me suis penchée avidement Sur le visage du réel – plus précis et plus jeune qu’en imagination.   Face à la méticuleuse limpidité de ce matin dans un port Face à la méticuleuse limpidité de ce matin dans le port d’une île grecque J’ai murmuré ton nom Ton nom ambigu J’ai invoqué ton ombre transparente et... [Lire la suite]
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20 juin 2022

Fernando Pessoa (1888 – 1935) : Poèmes désassemblés (I) / Poemas Inconjuntos (I)

    Fernando Pessoa par Filipe Xavier (2020)   Poèmes désassemblés (I)   Il ne suffit pas d’ouvrir la fenêtre pour voir les champs et la rivière. Il ne suffit pas de ne pas être aveugle pour voir les arbres et les fleurs. Il faut également n’avoir aucune philosophie. Avec la philosophie il n’y a pas d’arbres : il n’y a que des idées. Il n’y a que chacun d’entre nous, telle une cave. Il n’y a qu’une fenêtre fermée, et tout l’univers à l’extérieur ; et le rêve de ce que l’on pourrait voir si... [Lire la suite]
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05 avril 2022

Herberto Helder (1930 -2015) : Lieu (1,3) / Lugar (1)

  Lieu   1 Une nuit je trouvai une pierre pierre, oh pierre ! verte ou bleue, sur le côté, comme morte. Je trouvai la nuit semblable à une pierre penchée sur mon corps pur, de la profondeur d’une cloche. Je vis en moi une pensée innocente, une pierre quand on vient la nuit par son versant désert. Ou bien était-ce la cloche d’un silence plus vaste, à venir, d’un silence si vaste qu’on ne saurait l’habiter que par gestes. Je pourrais me hisser sur la pointe des pieds et rester là à jamais : flamme... [Lire la suite]
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