16 mai 2023

Chiaro Davanzati (XIIIème siècle) : La femme angélisée

  La femme angélisée   Ô douce élue, point je ne m’en étonne, Si vous êtes pour moi la fleur des fleurs Ou si toute beauté, votre vertu L’éclipse, tant elle est incomparable.   L’étoile du matin, me semble-t-il, A votre éclat et plus je vous regarde, Plus votre amour, noble et toute droiture, Spontanément atteint la perfection.   Aussi bien, chaque fois que je contemple Votre visage clair, moi, je suis sûr Que vous, vous n’êtes pas femme incarnée,   Mais je pense qu’en sa majesté Dieu A,... [Lire la suite]
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18 avril 2023

Cesare Pavese (1908 – 1950) : Le paradis sur les toits / Il paradiso sui tetti

Cesare Pavese — Fonte: Ansa   Le paradis sur les toits   Le jour sera tranquille, froidement lumineux comme le soleil qui naît ou qui meurt et la vitre hors du ciel retiendra l’air souillé.   On s’éveille un matin, une fois pour toujours, dans la douce chaleur du dernier sommeil : l’ombre sera comme cette douce chaleur. Par la vaste fenêtre un ciel plus vaste encore remplira la chambre. De l’escalier gravi une fois pour toujours ne viendront plus ni voix ni visages défunts.   Il sera... [Lire la suite]
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14 avril 2023

Salvatore Quasimodo (1901 – 1968) : Les retours / I Ritorni

  Les retours   Piazza Navona, la nuit, sur les bancs je restais allongé, cherchant la paix, et mes yeux, par droites et volutes en spirales, unissaient les étoiles, les mêmes que je suivais enfant étendu sur les galets du Platani égrenant mes prières dans le noir.   Les mains croisées derrière la tête je me rappelais les retours : l’odeur des fruits séchant sur les claies, de giroflées, gingembre et lavande ; quand je pensais à te lire, mais doucement, (toi et moi, maman, dans un angle de... [Lire la suite]
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08 février 2023

Eugenio Montale (1896 -1981) : « Côtes de Ligurie... » / « Riviere... »

  Côtes de Ligurie Des estocs de glaïeuls Penchés sur la falaise A pic sur la mer en délire, Ou deux camélias pâles Dans les jardins déserts, Un eucalyptus blond, baigné dans la lumière Striée de vols déments Et de bruissements : Rien que cela suffit, et me voilà captif D’invisibles fils qui se lovent et me piègent, Moi, papillon dans une toile d’araignée D’oliviers frémissants, de tournesols voyeurs.   Côtes de Ligurie Qu’il est doux aujourd’hui de se laisser piéger Pour peu que l’on consente à... [Lire la suite]
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01 février 2023

Dino Campana (1885 – 1932) : Guglielma et Manfreda au balcon (XIIIème siècle) / Guglielmina e Manfreda al balcone (Secolo XIII

    Guglielma et Manfreda au balcon (XIIIème siècle)   Nous voici seules devant le mystère nocturne. La lune Illumine peut-être les amours tristes des hommes, Apparaît voilée de larmes et brume ainsi que Vénus Surgit de la mer dans le premier matin du monde Du monde bouleversé encore fumant, dans un rire Hélas tellement tendre et triste Combien depuis s’est écoulé déjà le temps mais encore Vénus est triste et inquiète le tendre sein Pourtant c’est douceur infinie que sentir la fatigue De nos cœurs épuisés... [Lire la suite]
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20 décembre 2022

Giacomo Leopardi (1798 – 1837) : Le passereau solitaire / Il passero solitario

  Le passereau solitaire        Du sommet de l’ancienne tour Vers la campagne, passereau solitaire, Tu vas chantant jusqu’à la mort du jour, Et dans ce val errent tes mélodies. A l’entour, le printemps Rayonne dans les airs, exulte dans les champs, Si bien qu’à le voir le cœur se fait plus tendre. On entend bêler les troupeaux, mugir le bétail. Joyeux, les autres oiseaux, comme à l’envi, Tournoient dans le ciel libre, Célébrant ainsi le plus beau de leur temps. Toi, songeur, à l’écart tu... [Lire la suite]
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22 novembre 2022

Giovambattista Marino (1569 - 1625) : Au Sommeil / Al Sonno

  Au Sommeil   Toi, enfant du Silence et de la Mort, Père de visions, fictives et charmantes, C’est sur tes pas sans bruit, Sommeil aimable, Qu’au Ciel d’Amour souvent montent nos âmes ;   Lorsque chacun, sauf moi, au sein des ombres, Légères et clairsemées, se repose et dort, Laisse, je t’en prie, les grottes cimmériennes Et l’Erèbe, aussi noir que mes pensées,   Et viens consoler mon désir inassouvi Avec ton oubli, doux et tranquille, et avec Son beau visage qui me ravit et m’apaise.  ... [Lire la suite]
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01 novembre 2022

Giuseppe Ungaretti (1888 – 1970) : Ironie / Ironia

  Ironie        Je sens le printemps dans les noirs rameaux tout endoloris. Ne peuvent le saisir, à cette heure seule, que les rares flâneurs perdus en leurs songes.      C’est l’heure des fenêtres écloses, mais      la tristesse de ces retours m’a ravi le sommeil.      A l’aube prochaine, un voile vert-tendre s’épandra de ces arbres, que la nuit mourante connut desséchés.      Dieu ne s’accorde nul repos. ... [Lire la suite]
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19 octobre 2022

François Pétrarque / Francesco Petrarca (1304 - 1374) : « De mon visage il pleut larmes amères... » / « Piovonmi amare lagrime d

  XVII De mon visage il pleut larmes amères, Avec un vent tout d’angoisseux soupirs, Quand il advient que je tourne les yeux Vers vous, par qui m’est étranger le monde.   Doux et clément, il est vrai, le sourire Vient apaiser de mes désirs l’ardeur Et me soustraire au bûcher du martyre, Tant que je vous regarde sans bouger.   Mais mes esprits se glacent quand je vois, Lors du départ, vos mouvements suaves Qui loin de moi entraînent mes étoiles.   Puis par les clés de l’amour libérée, De mon cœur... [Lire la suite]
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06 octobre 2022

Salvatore Quasimodo (1901 – 1968) : La pie noire rit sur les orangers / Ride la gazza, nera sugli aranci.

  La pie noire rit sur les orangers   C’est peut-être un signe avéré de la vie : autour de moi des enfants aux légères oscillations de tête dansent en un jeu de cadences et de voix le long du pré de l’église. Pitié du soir, ombres rallumées sur l’herbe si verte, sublimes dans le feu de la lune ! La mémoire vous accorde un bref sommeil ; maintenant, réveillez-vous. Le puits résonne de la première marée. C’est l’heure : non plus mienne, simulacres anciens et  brûlés. Et toi, vent du sud... [Lire la suite]
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