24 février 2023

Elizabeth Barrett Browning (1806 – 1861) : « Si pour toi je quitte tout... » / « If I leave all for thee... »

    XXXV   Si pour toi je quitte tout, en échange Seras-tu tout pour moi ? N’aurais-je point Regret du baiser que chacun reçoit A son tour, et ne trouverais-je étrange Levant la tête de voir de nouveaux murs ? Comment... une autre maison que celle-ci ? Combleras-tu cette place auprès de moi Pleines de trop tendres yeux pour changer ? C’est le plus dur. Si vaincre l’amour est Eprouvant, vaincre la peine plus afflige ; Car la peine est amour et peine aussi. Las, j’ai souffert et... [Lire la suite]
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06 janvier 2023

Emily Jane Brontë (1818 – 1848) : « Comme elle brille clair ... » / « How clear she shines... »

Portrait d'Emily Brontë, par André Masson, 1944   Comme elle brille clair ! Avec quelle quiétude Je repose, baignée de sa lueur d’argent, Tandis que le Ciel et la terre me chuchotent : « Réveille-toi demain, mais pour cette nuit rêve. »   Viens-t’en, Imagination, ma fée chérie ! A ces tempes qui battent, donne un doux baiser, Et puis te penche sur ma couche solitaire Pourvoyeuse de paix et de félicité.   Le monde se retire... Sombre monde, adieu ! Lugubre monde, cache-toi... [Lire la suite]
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03 novembre 2022

David Gascoyne (1916 – 2001) : Une demi-heure / Half-an-hour

  Une demi-heure   à Meraud Guevara   ... et l’herbe pousse autour de la porte. Le sol, Dehors, est rayé de racines et de pierres Et taché de jaune où la lumière se verse sur du sable A travers des feuilles de marronniers apathiquement remuées. Voici la retraite calme si longtemps recherchée, Voici la maison, le pays paisible, Dont mon esprit a bien envie. Un bruit brûlant Sans interruption comme le flux lumineux de midi Descendant sur les arbres d’où ce bruit émane, Le chant sec des cigales,... [Lire la suite]
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09 septembre 2022

William Shakespeare (1564 – 1616) : « Les yeux de mon amante... » / « My mistress' eyes... »

  CXXX   Les yeux de mon amante n’ont rien du soleil. Le rouge de ses lèvres n’est pas le corail. Si neige est blanche, et de soie le cheveu, le sien pousse noir sur sa tête et elle a brun le sein.   J’ai vu les roses peintes de toutes couleurs, Mais nulle de ces roses sur sa joue n’ai vue. J’ai senti des parfums de loin plus enchanteurs Que celui de ma mie, quand son haleine pue.   J’aime le son de son parler ; pourtant je sais De plus belles musique prêtes à me plaire. Jamais, j’avoue, n’ai... [Lire la suite]
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28 juillet 2022

Thomas Stearns Eliot (188-1965) : Marina

  Marina Quis hic locus, quae regio, quae mundi plaga?   Quelles mers quelles rives quels rocs gris quelles îles Quelle eau lapant la proue Quelles senteurs de pin et quels chants, dans la brume, de la grive des bois Quelles images s’en reviennent O ma fille   Ceux qui aiguisent la dent du chien, signifiant Mort Rutilent des gloires de l’oiseau-mouche, signifiant Mort Croupissent dans la soue des repus, signifiant Mort Souffrent l’extase des animaux, signifiant Mort   Sont devenus immatériels,... [Lire la suite]
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16 juillet 2022

John Keats (1795 – 1821) : A l’automne / To Autumn

  A l’automne   Saison des brumes et du fruit accompli !      Amie la plus proche du soleil mûrisseur, Tu complotes avec lui pour charger et bénir de fruits      Les treilles qui courent au long des toits de chaume ; Pour courber de pommes les arbres moussus des vergers,      Pour combler tous les fruits de maturité ;           Pour gonfler la courge et durcir la coque     ... [Lire la suite]
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10 juin 2022

David – Herbert Lawrence (1885 – 1930) : Crépuscule / Twilight

  Crépuscule   L’ombre se lève de la terre           Et les hirondelles piquent dans la pâleur de l’ouest ; Du foin vient la clameur de la joie des enfants.           S’efface le vieux palimpseste.   La giroflée exude son parfum,           Une phalène bleu-lune volète alentour. Tout ce que le jour vulgaire signifiait ... [Lire la suite]
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06 janvier 2022

Emily Jane Brontë (1818 – 1848) : Brouillard léger sur la colline / Mild the mist upon the hill

  Brouillard léger sur la colline   Brouillard léger sur la colline Et qui ne parle pas d’orages pour demain : Le jour a pleuré tout son saoul, Épuisé sa réserve de muet chagrin.   Oh! je suis revenue aux jours de ma jeunesse, Me voici enfant à nouveau, Et de sous le toit paternel où je m’abrite, De la porte du vieux château,   Je regarde le soir lourd de nuées descendre Après une journée de pluie : Des brumes bleues d’été, de tendres brumes tendent Les montagnes de l’horizon.   Une moiteur... [Lire la suite]
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03 novembre 2021

David Gascoyne (1916 – 2001) : Amor Fati

  Amor Fati   Ennemi bien-aimé, toi qui prépares ma mort, Quand il ne restera plus aucun vêtement Pour amoindrir l’entrechoquement de nos membres Quand il y a sécheresse mutuelle dans nos haleines rapides Et nos langues jumelées se débattent pour le bord Du torrent gonflé - une marée douloureuse Qui nous aspire vers le dedans - quand le désir, La soif du sang vient d’atteindre le comble de son feu blanc Et la convulsion arrive dans des bouffées de vitesse progressive La parole est fatale. Ne trouble pas... [Lire la suite]
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08 septembre 2021

William Shakespeare (1564 – 1616) : « Quand je compte les coups du balancier... » / « When I do count the clock... »

  12   Quand je compte les coups du balancier de l’heure Et vois sombrer en nuit d’horreur le jour vaillant, Quand je sais de violette étiolée la fraîcheur Et telles boucles noires argentées de blanc,   Quand je vois le grand arbre privé de ses feuilles Où venaient les troupeaux accablés chercher l’ombre, Et le vert de l’été tout en gerbes de deuil Comme une barbe blanche que l’on porte en tombe,   Alors pour ta beauté même question m’inquiète, Que tu aies à rejoindre des ruines l’empire Puisque... [Lire la suite]
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