06 juin 2023

James Sacré (1939 -) : Deux rushes de quinze vers chacun

  Deux rushes de quinze vers chacun   Souvent surgit un paysage Parce que ton œil le regarde. Plan fixe longtemps de ton regard (Mais déjà de l’ombre et de la lumière y bougent) Ou long travelling parti d’un feuillage d’érable, le poème passe Du nom d’un arbre, de couleurs qui sont là, A des souvenirs d’avoir connu de petites villes éparses Dans leur campagne forestière (c’était la Nouvelle Angleterre, Northampton, Hadley, Hatfield ou Buckland), Passe des sentiments d’être toujours Parmi de grands arbres... [Lire la suite]
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05 juin 2023

Armand Robin (1912 – 1961) : « Sous la lune d’été... »

    Sous la lune d’été, J’ai rêve de nuits plus claires. J’aimais la vie des hommes comme la vie des doux insectes Qui ne naissent que pour un seul jour Et laissent un nom qui tremble.   Proie pour la poésie, Chaque homme vit des instants d’élite Et j’ai pour tous admiration, pitié !   Il faut comprendre Le monde d’émotions Qu’un seul instant de nous enferme. Le moins de mots possible et le silence !   Fragments Editions Gallimard, 1992 Du même auteur :  « Sans... [Lire la suite]
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04 juin 2023

Jacque Prevel (1915 – 1951) : « Je suis un homme à même un monde... »

Portrait à l’aquarelle de Jacques Prevel, par Lautir, 2021   Je suis un homme à même un monde que je rejette comme il m'a rejeté Et ma vie est une basculade dans un égorgement de larves Mais leur sang m'est resté sur les mains Un sang noir et acide dont je me suis gorgé jusqu'à l'étouffement Un sang qui me ronge et qui m'obscurcit la vision Mais j'ai dépassé la vision Je suis un homme à même l'infinité Je suis un homme qui a surgi du crime perpétué sur la face Je suis un homme dans une basculade de rochers et de... [Lire la suite]
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03 juin 2023

Jean-Pierre Duprey (1930 – 1959) : « Il neigeait toute ma vie sur la douleur... »

  Première Yeuse.Il neigeait toute ma vie sur la douleur, et voilà, au fond de moi je reconnus cette neige, au fond de toi, je la buvais, au fond de nous était un corps ; j’étais le froid et je savais... Ton nom grandissait, ta voix brûlait, le feu sortait du sang...   Deuxième Yeuse. C’est le bonheur, me dis-je, la neige de mon bonheur ; mais derrière encore sortait l’océan, et mes démons, et les démons, Le feu de neige apparaissait sur les cités des loups, à l’heure maudite des fées perdues et des ... [Lire la suite]
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01 juin 2023

Daniel Kay (1959 -) : Un jardin de statues

  Un jardin de statues     LINGUA ANTIQUA   Bruissement de silence dans l’allée de tilleuls... on dirait que les silhouettes de plâtre susurrent une langue étrangère, un curieux idiome que seuls peuvent comprendre les enfants et les muets   ARTEMIS        Parfois la tunique de la chasseresse déclenchait l’hallali des frondaisons et figeait sa meute de bronze dans l’exhalaison des seringas.        Le soir au bref carquois écrasait déjà... [Lire la suite]
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31 mai 2023

Jean Le Mauve (1939 – 2001) : Pente d’herbe

  Pente d’herbe   Souvent, pour la joie animale de me sentir emporté comme pour mourir je dévalais la colline à contre-courant des mouvements herbeux et mes jambes étaient tout puis plus rien mes jambes étaient d’air et ce pommier pourquoi se mettait-il à courir ?   Oui, plus bas quand la pente avaleuse me rendait mes jambes de géant j’aurais voulu mourir m’abattre au fond dans la vallée m’y étendre mon corps occupant tout le lit du fleuve l’écluse et les péniches dans le creux de ma main. ... [Lire la suite]
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24 mai 2023

Louis Aragon (1897 – 1982) : « Tu m’as trouvé... »

Robert Delaunay, Portrait de Louis Aragon, 1922   Tu m’as trouvé comme un caillou que l’on ramasse sur la plage Comme un bizarre objet perdu dont nul ne peut dire l’usage Comme l’algue sur un sextant qu’échoue à terre la marée Comme à la fenêtre un brouillard qui ne demande qu’à entrer Comme le désordre d’une chambre d’hôtel qu’on n’a pas faite Un lendemain de carrefour dans les papiers gras de la fête Un voyageur sans billet assis sur le marchepied du train Un ruisseau dans leur champ détourné par les mauvais... [Lire la suite]
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19 mai 2023

Paul Eluard (1895 – 1952) : l’extase

  L’extase   Je suis devant ce paysage féminin Comme un enfant devant le feu Souriant vaguement et les larmes aux yeux Devant ce paysage où tout remue en moi Où des miroirs s'embuent où des miroirs s'éclairent Reflétant deux corps nus saison contre saison   J'ai tant de raisons de me perdre Sur cette terre sans chemins et sous ce ciel sans horizon Belles raisons que j'ignorais hier Et que je n'oublierai jamais Belles clés des regards clés filles d'elles-mêmes Devant ce paysage où la nature est mienne ... [Lire la suite]
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17 mai 2023

Paul Verlaine (1844 – 1896) : Clair de lune

  Clair de lune   Votre âme est un paysage choisi Que vont charmant masques et bergamasques Jouant du luth et dansant et quasi Tristes sous leurs déguisements fantasques. Tout en chantant sur le mode mineur L'amour vainqueur et la vie opportune, Ils n'ont pas l'air de croire à leur bonheur Et leur chanson se mêle au clair de lune, Au calme clair de lune triste et beau, Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres Et sangloter d'extase les jets d'eau, Les grands jets d'eau sveltes parmi les marbres.   ... [Lire la suite]
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15 mai 2023

Frédéric-Jacques Temple (1921 - 2020) : Caravane

  Caravane   A Lawrence Durrell   Fuir nous avons fui dans les contrées désertes A pied encore à pied toujours dans le lointain suffocant Et nous avons crevé trente dromadaires Bu jusqu’à notre sueur Fuir fuir toujours l’empreinte de nos derniers pas Le galet noir le squelette d’un oiseau vaincu La soif de midi Le soir et le matin   Fuir fuir avec les sauterelles Ne laisser que désolation et puits taris Effacer la musique et le silence Rencontrer des savanes verdoyantes Et les brûler de nos... [Lire la suite]
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