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Le bar à poèmes
30 mai 2023

Hector de Saint-Denys Garneau (1912 – 1943) : Monde irrémédiable désert

330px-De_Saint-Denys_Garneau,_lui-même[1]

 

Monde irrémédiable désert

 

Dans ma main

Le bout cassé de tous les chemins

 

Quand est-ce qu’on a laissé tomber les amarres

Comment est-ce qu’on a perdu tous les chemins

 

La distance infranchissable

Ponts rompus

Chemins perdus

 

Dans le bas du ciel, cent visages

Impossible à voir

La lumière interrompue d’ici là

Un grand couteau d’ombre

Passe au milieu de mes regards

 

De ce lieu délié

Quel appel de bras tendus

Se perd dans l’air infranchissable

 

La mémoire qu’on interroge

A de lourds rideaux sans fenêtres

Pourquoi lui demander rien ?

L’ombre des absents est sans voix

Et se confond maintenant avec les murs

De la chambre vide.

 

Où sont les ponts les chemins les portes

Les paroles ne portent pas

La voix ne porte pas

 

Vais-je m’élancer sur ce fil incertain

Sur un fil imaginaire tendu sur l’ombre

Trouver peut-être les visages tournés

Et me heurter d’un grand coup sourd

Contre l’absence

 

Les ponts rompus

Chemins coupés

Le commencement de toutes présences

Le premier pas de toute compagnie

Gît cassé dans ma main.

 

 

Les Solitudes

In, « Poésies » 

Editions Fides, Montréal (Québec), 1972

Du même auteur :

Accompagnement (14/01/2015)

« Il nous est arrivé... » (29/05/2018)

« Nous avons attendu de la douleur... » (30//05/2019)

Dilemme (30/05/2020)

« Et maintenant... » (30/05/2021)

Le jeu (30/05/2022)

 

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