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Le bar à poèmes
13 octobre 2022

Mellin de Saint-Gelais (1491 – 1558) : Les yeux qui me surent prendre

MSGRochethulon[1]Gravure de Léonard Gaultier (Fin XVIème)

 

Les yeux qui me surent prendre


Les yeux qui me surent prendre

Sont si doux et rigoureux

Que mon coeur n'ose entreprendre

De s'en montrer langoureux.

Il se sent mourir pour eux

Et feint d'être sans douleur.

Ô que celui est heureux

Qui peut dire son malheur !

 


Le temps, qui tout mal apaise,

Rend le mien plus vigoureux,

Et fait que rien ne me plaise,

Sinon d'être douloureux.

Mon pleur large et plantureux

Nourrit ma flamme et chaleur :

Ô que celui est heureux


A qui déplaît son malheur !



D'amour je ne me veux plaindre

Ni du sort aventureux ;

Ni la mort je ne puis craindre,

Car j'ai mal plus dangereux.

Un bien me fait malheureux,

Dont j'ai perdu la valeur

Celui au prix est heureux

Qui n'eut jamais que malheur !

 

Oeuvres poétiques complètes

Editions Prosper Blanchemain, 1873

Du même auteur :

Treizain (08/12/2018)

« Il n’est point tant de barques à Venise ... » (08/12/2019)

« Quand le Printemps... » (13/10/2021)

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