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Le bar à poèmes
25 septembre 2022

Vlada Urosevic / Влада Урошевиќ (1934 -) : Planète...

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Planète morte

 

Rien que marécages iodés dans des steppes d’amiante.

Rien qu’étoiles redoutables aux dards de lumière vénéneuse.

En vain : des volcans en érection sur des plaines-momies.

En vain : des grottes qui rêvent de maternité.

En vain : des minéraux qui couinent la nuit sous la terre comme des souris

En vain : des éclairs qui pondent des œufs rouges sur les cimes.

Rien qu’orages magnétiques sur des montagnes oxydées.

Rien que fleurs sulfureuses sur des troncs de quartz.

Rien que villes fossiles disséminées dans les sables.

 

Planète inhospitalière

 

Montagnes moisies. Nuages tournés à l’aigre.

Lacs velus. Vents qui mollissent.

Araignées aux brillantes couleurs. Papillons décolorés.

Arbres sans feuillage. Fruits rongés.

Ciel cendreux. Mers de boue.

Maisons d’herbes. Pluies de pierre.

 

Planète de panique

 

Remparts de terre dont les gardiens nourrissent les taupes.

Voitures de pompiers qui se jettent amoureusement dans les volcans.

Trains sans fenêtres ni portes qui convoient des voyageurs aveugles.

Tir d’astres migrateurs à partir d’observatoires nationaux.

Lacs enfermés dans des cages et surveillés d’en haut.

Vendeuses de porcelaine accusées à cause des tremblements de terre.

Montagnes qui s’approchent inexorablement des villes.

Flux et reflux des mers comme l’haleine d’un moribond.

Panique dans les cinémas où l’on projette

Un pétale de rose agrandi mille fois.

 

 

Traduit du macédonien par Jeanne Angélowski et Jacques Gaucheron

Revue « Europe », Mars 1993

Du même auteur :

Dei otiosi (12/09/2014)

« Enferme cet été... » (25/09/2019)

Vergers sidéraux (25/09/2020)

Frissons (25/09/2021)

Contrées... (25/09/2023)

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