30 juin 2022

Haizi / 海子 (1964 – 1989) : Maison

    Maison   Tu as au matin fait tomber une première goutte de rosée pour sûr, cela touchait à ton amour à midi, quand tu as fait boire les chevaux tu t’es tenu un instant sous un jeune rameau et cela aussi touchait à elle et dans la lumière du soir tu es assis dans la maison, sans bouger et cela encore touche à elle   tu ne peux pas le nier   l’immense soleil se retire, sable et boue se confondent, détale le vent fou, ciel et terre de pluie détrempés sanglotent sans fard ni feinte et la... [Lire la suite]
Posté par bernard22 à 23:51 - - Commentaires [0] - Permalien [#]
Tags :

30 juin 2022

Jacques Dupin (1927 – 2012) : Enoncé (1)

Jacques Dupin,  années 1980. Collection : Dublin City Gallery The Hugh Lane © The Estate of Francis Bacon   Enoncé (1)   Comme s’il fallait se noyer pour entendre   là, dort l’écrit retenu bridé             le crissement de la nervure de la langue     un desserrement de la langue cruciforme   que sa jubilation troue que son désarroi relance     l’orage aveugle la table le corps se volatilise   Le sang se... [Lire la suite]
Posté par bernard22 à 00:07 - - Commentaires [0] - Permalien [#]
Tags :
29 juin 2022

Mérédith Le Dez (1973 -) : Jardin d’hiver

Le Télégramme   Jardin d’hiver   Long novembre étendu sur nos terres d’asile : soleil en feu, azulejo du ciel, splendeur des pâtures au-delà du verger.   Sécheresse d’automne ne s’inclina jamais si tard...   L’ombre de décembre vient, sans la cendre coutumière de la saison. Sous un ciel de traîne aux grises promesses brûlent les deux merveilleux chênes du hameau voisin.   La rousseur est poignante.   Tant de feuilles en poignées de cris morts pour lui faire écho.     Les... [Lire la suite]
Posté par bernard22 à 00:01 - - Commentaires [0] - Permalien [#]
Tags :
28 juin 2022

Christian Bachelin (1933 – 2014) : Blues

  Blues   Oh dans les alcools d’un bar de la rive gauche Attendre attendre encor la même voyageuse Celle au baiser de feu et qui fera tourner Sa robe de cyclone autour de mes naufrages   Du côté de Shangaï ou alors dans les bruines D’un soir de Copenhague au large de l’automne Un violon de mirage emporte la mémoire Et les chambres d’hôtel ruissellent sur la mer   Quelque part dans le soir la rumeur d’une écluse Un air de blues et tournent tournent les méduses Suinte sur les trottoirs le sang des... [Lire la suite]
Posté par bernard22 à 00:04 - - Commentaires [0] - Permalien [#]
Tags :
27 juin 2022

Blaise Cendrars (1887 – 1961) : Contraste

  Contraste   Les fenêtres de ma poésie sont grand’ouvertes sur les Boulevards et dans ses vitrines Brillent Les pierreries de la lumière Écoute les violons des limousines et les xylophones des linotypes Le pocheur se lave dans l’essuie-main du ciel Tout est taches de couleur Et les chapeaux des femmes qui passent sont des comètes dans l’incendie du soir L’unité Il n’y a plus d’unité Toutes les horloges marquent maintenant 24 heures après avoir été retardées de      dix minutes Il n’y a... [Lire la suite]
Posté par bernard22 à 00:01 - - Commentaires [0] - Permalien [#]
Tags :
26 juin 2022

Pierre Dhainaut (1935 -) : « Même en ces temps d’ombres... »

  Même en ces temps d’ombres qui s’affranchissent avec le parfum des lilas, tu ne perçois que plaintes dans le crissement du gravier, celles d’oiseaux de mer tout un jour de décembre à la recherche de leurs proies n’é- taient pas différentes, autour de ce jardin tu ne perçois qu’une clôture. L’invisible, la lumière, la main se déroba, qui se pres- sait entre les nôtres, lui avons- nous permis de rétablir les liens, de nous conduire en demandant plus d’amour à l’amour ? Aucun jardin ne tient lieu de refuge. ... [Lire la suite]
Posté par bernard22 à 00:37 - - Commentaires [0] - Permalien [#]
Tags :

25 juin 2022

Jean Tardieu (1903 – 1995) : Contre-point du jour

  ,Paris, le 6 Avril 1990. Despatin & Gobeli, photographes.   Contrepoint du jour   Alors alors encore ? Alors toujours dans le jour mon petit? Toujours dans le petit jour du dernier du dernier jour du condamné à mort le petit jour?   Toujours dans le petit jour du condamné à mort je suis j'étais je suis j'étais le grincement de poulie du gosier dans la gorge coupée par le pourquoi comment du printemps   À mort le petit jour du premier lilas du pourquoi comment du pourquoi pas de la... [Lire la suite]
Posté par bernard22 à 00:26 - - Commentaires [0] - Permalien [#]
Tags :
24 juin 2022

Yves Elléouët (1932 – 1975) : Permanence des signes

    Editions Diabase   Permanence des signes   le temps qu’on accorde aux morts dépend du jour et de l’heure et dans les minutes précises où l’on s’attarde pour les voir leur silence et leur beauté ensemble tressent dans la toison de la lumière au coin d’une maison fugitive le cœur fait d’oiseaux d’une lampe votive dont nul vent n’infléchit la flamme une fois encore les amis sont présents plus proches d’être plus légers plus aimés de ne plus répondre que par gestes de duvet que par ombre et... [Lire la suite]
Posté par bernard22 à 00:43 - - Commentaires [0] - Permalien [#]
Tags :
23 juin 2022

Johann Wolfgang von Goethe (1749 – 1832) : Chant de Mahomet / Mahomets-Gesang

  Chant de Mahomet   Voyez jaillir l’eau vive De la roche, joyeuse et claire Comme un éclat d’étoile ! Au-dessus des nuages, De bons esprits Ont nourri sa jeunesse Entre les falaises dans les fourrés.   Il sort du nuage avec la fraîcheur D’un jeune danseur Sautant sur les marbres, Ses cris d’allégresse Rebondissent au ciel.   Par les trouées des sommets, Il court après des cailloux bariolés Et dans sa course précoce de chef, Il entraîne ses frères ruisseaux Avec lui loin d’ici.   ... [Lire la suite]
Posté par bernard22 à 00:07 - - Commentaires [0] - Permalien [#]
Tags :
22 juin 2022

Derek Mahon (1941 -) : Les dieux bannis / The banished gods

The Gallery Press, 2012   Les dieux bannis   Près des sources de la plus longue rivière Est une clairière dans la forêt Lieu moite et brumeux Où la lumière monte en colonnes Et le chant des oiseaux est comme du papier qu’on déchire.   Loin de la terre, loin des itinéraires commerciaux, Dans le temps rêvé ininterrompu Du pingouin et de la baleine Les mers soupirent pour elles-mêmes Et revivent les jours d’avant les voiles.   Où finissent les fils et les poteaux, la lande frémit en silence Parsemée... [Lire la suite]
Posté par bernard22 à 02:15 - - Commentaires [0] - Permalien [#]
Tags :