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Le bar à poèmes
24 septembre 2021

Carlos Edmundo de Ory (1923 – 2010) : Machine de douleur / Máquina de dolor

ory_carlos_edmundo[1]

 

Machine de douleur

 

Mon être est une machine de douleur

qui fonctionne depuis un long temps

j’ai un moteur moderne dans mes entrailles

que personne ne peut entendre ni voir

 

Je fais un bruit énorme en me réveillant

et tout le jour je rejette une horrible fumée

comme un train sans freins sur une voie

cachée dans un long tunnel sous la mer

 

Je purge ma peine d’être humain

et mon destin est une locomotive

qui n’épuise pas sa charge de charbon

 

La nuit venue je suis une baleine

dans un rêve grandiose et sous-marin

où mon cœur nage en toute félicité

 

Paris, 20 janvier 1962

 

Traduit de l’espagnol par Claude de Frayssinet

In, " Poésie espagnole, anthologie 1945 – 1990 "

Actes Sud / Edition Unesco,1995

Du même auteur : 

« Il semble que l’homme souffre... » / « Parece ser que el hombre sufre... » (24/09/2022)

Dithyrambe du gaditan (24/09/2023)

 

Máquina de dolor

 

 

Máquina de dolor es ya mi ser

y mucho tiempo hace que funciona

tengo un motor moderno en mi persona

que nadie puede oír ni puede ver

 

Hago un ruido enorme al despertar

y echo un humo espantoso todo el día

igual que un tren sin freno en una vía

oculta en largo túnel bajo el mar

 

Humanamente cumplo una condena

y una locomotora es mi destino

que no agota su carga de carbón

 

Sólo de noche soy una ballena

en un grandioso sueño submarino

donde nada feliz mi corazón

 

Los sonetos

Editorial Taurus, Madrid, 1963

 

Poème précédent en espagnol :

Miguel de Unamuno : Pour après ma mort / Para después de mi muerte (23/07/2021)

Poème suivant en espagnol :

Claudio Rodríguez : L’embauche des gamins / « Qué estáis haciendo aquí?.. » (04/10/2021)

 

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