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Le bar à poèmes
15 août 2021

John Montague : (1929 - 2016) : Tous les obstacles légendaires / All legendary obstacles

93258573[1]

 

Tous les obstacles légendaires

 

 

Tous les obstacles légendaires

Nous séparaient, immense plaine imaginaire

Monstrueuse fronce des montagnes

Et, se balançant dans la nuit,

Innondant le Sacramento, San Joaquin,

Sifflant en sarabande, la pluie d’hiver.

 

Tout le jour j’attendis, allant

nerveusement de la gare au bar

Quand je voyais un autre train

Surgir, le San Francisco Chief ou

Le Golden Gate, ses grandes roues

dégoulinantes.

 

A minuit tu parus, pâle

Au-dessus de la lampe du porteur noir,

J’étais trop aveuglé par la nuit

Et le doute pour parler, mais

Du quai je tendis le bras

Et nos mains glacées se serrèrent.

 

Tu avais voyagé pendant des jours

Avec une vieille dame, qui dessina

Un cercle précis sur la vitre

Avec son gant, pour nous voir

Avancer dans la moite obscurité

Nous embrassant, sans pouvoir nous parler.

 

 Traduit de l’anglais par Michel Bariou

Ini, Denis Rigal : « Poésies d’Irlande. Anthologie »

Editions Sud, 133001 Marseille1987

 

Du même auteur :  

Mer vineuse / Wine dark sea (25/10/2014)

James Joyce (15/08/2022)

Comme des dolmens autour de mon enfance, les vieux / Like dolmens round my childhood, the old people.(15/08/2023)

 

 

All legendary obstacles

 

All legendary obstacles lay between

Us, the long imaginary plain,

The monstruous ruck of moutains

And, swinging across the night,

Flooding the Sacramento, San Joaquin,

The hissing drift of winter rain.

 

All day I waited, shifting

Nervously from station to bar

As I saw another train sail

By, the San Francisco Chief or

Golden Gate, water dripping

From great flanged wheels.

 

At midnight you came, pale

Above the negro porter’s lamp.

I was too blind with rain

An doubt to speak, but

Reached from the platform

Until our chilled hands met.

 

You had been travelling for days

With an old lady, who marked

A neat circle on the glass

With her glove, to watch us

Move into the wet darkness

Kissing, still unable to speak.

 

Poème précédent en anglais :

Oscar Wilde : Silentium amoris (11/08/2021)

 Poème suivant en anglais :

William Shakespeare : « Quand je compte les coups du balancier... » / « When I do count the clock... » (09/09/2021)

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