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Le bar à poèmes
11 avril 2021

Heinrich Von Morungen (1150 - 1180) : « Las !... » /« Owê,.. »

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12.VI

 

Las !

ne verrai-je plus jamais

dans la nuit l’éclat

plus blanc que neige

de son corps si bien fait.

Mes yeux abusés

croyaient que c’était la lueur de la lune –

et vint l’aube.

 

« Las !

ne passera-t-il jamais plus ici

la matinée ?

Puisse la nuit s’écouler pour nous

sans que nous ayons à nous lamenter :

« Las ! il fait jour à présent » 

C’est ce qu’il s’écria plaintivement

la dernière fois qu’à mes côtés il reposa –

et vint l’aube. »

 

Las !

Que de baisers elle me donna

dans mon sommeil !

Ses larmes ruisselaient

le long de ses joues.

Mais moi je la consolai

si bien qu’elle cessa de pleurer

et m’enlaça étroitement –

et vint l’aube.

 

« Las !

combien de fois

il s’es repu de ma vue.

Lorsqu’il m’eut découverte,

il voulut sans vêtement

voir mes bras nus.

C’est grande merveille 

qu’il ne s’en soit jamais lassé – 

et vint l’aube. »

 

 

Traduit du moyen-haut allemand par

Danielle Buschinger, Marie-Renée Diot

Et Wolfgang Spiewok

In, « Poésie d’amour du Moyen Age allemand »

Union Générale d’Editions (10/18), 1993

 

 

Ah,

verrai-je plus jamais

luire, au milieu de la nuit,

plus blanc qu’une neige

son corps si bien tourné ?

Lui qui trompait mes yeux

au point que je croyais

voir briller la lune claire.

Puis ce fut l’aube.

 

- Ah,

passera-t-il plus jamais

la matinée près de moi ?

Puisse la nuit s’écouler

sans que devions lamenter :

« Las, il fait jour à présent,

comme il dit plaintivement

quand il gisait près de moi.

Puis ce fut l’aube.

 

- Ah,

que de fois elle me baisa

pendant mon sommeil !

Ses larmes ruisselaient

le long de son visage.

Mais je la consolai tant,

qu’elle laissa là ses pleurs

et m’enlaça toutement.

 

Puis ce fut l’aube.

 

- Ah,

que de fois il put ainsi

se repaître de me voir !

Lorsqu’il m’avait découverte,

il voulait sans aucun vêtement

contempler mes bras nus.

C’est une grande merveille

que jamais il n’en fut las.

Puis ce fut l’aube.

 

Traduit de l’allemand par Danielle Buschinger et Jean-Pierre Lefebvre

In « Anthologie bilingue de la poésie allemande »

Editions Gallimard (Pléiade), 1995

Du même auteur :

« Des regards douloureux... » / « Leitlîche blicke... » (11/04/2018)

« Jamais, saisi d’une telle allégresse... » / « In sô hôher swebender wunne ... » (11/04/2019)

« Il arrive qu’un homme... » / « Von del elben wirt entsehen... »  (11/04/2020)

« Je crois qu’il n’y a personne... » / « Ich waene, nieman lebe... » (11/04/2022)

 

12.VI

 

Owê, -

Sol aber mir iemer mê

geliuhten dur die naht

noch wîzer danne ein snê

ir lîp wil wol geslaht ?

Der trouc diu ougen mîn.

ich wânde, ez solde sîn

des liehten mânen schîn.

Dô tagte ez.

 

« Owê, -

Sol aber er iemer mê

den morgen hie begaten ?

als uns diu naht engê,

daz wir niht durfen klagen :

« Owé, nu ist ez tac, »

als er mit klage pflac,

dô er júngest bî mir lac.

Dô tagte ez »

 

« Owê, -

Si kustè âne zal

in dem slâfe mich.

dô vielen hin ze tal

ir trehene nider sich.

Iedoch getrôste ich sie,

daz sî ir weinen lie

und mich al umbevie.

Dô tagte ez.

 

« Owê, -

Daz er sô dicke sich

bî mir ersehen hât !

als er endahte mich,

sô wolt er sunder wât

Mîn arme schouwen blôz.

ez was ein wunder grôz,

daz in des nie verdrôz.

Dô tagte ez »

 

Des Minnesangs Frühling.I

Nouvelle édition revue par H.Moser et H. Tervooren.

37ème édition, Stuggart, 1982 

Poème précédent en moyen haut-allemand :

Walther von DerVogelweide : -« Une attente pleine de joie... » / « Mich hât ein wünneclîcher wân... » (15/09/2020)

Poème suivant en moyen haut-allemand :

Walther von Der Vogelweide: « Sous le tilleul... » / « Under der linden... » (15/09/21)

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