Elégie
A Anton Delvig
Fleur de ma vie, résiste ! ô temps de la douce tristesse,
Temps du rêve enchanté, temps de l’extase – reviens !
O mon Delvig, comment faire pour le retenir, comment vivre
En se disant que le cœur doit désormais se glacer,
Vivre en se survivant à soi-même ? Il fallait que je meure
Avec mon aube dorée ! Frère quand nous partagions
Nos espérances secrètes, la foi de nos cœurs, et, qu’ensemble,
D’une seule âme pour deux, dans un été flamboyant,
Nous volions par-delà les limites terrestres, sans doute,
Là, j’aurais dû disparaître et retrouver le Seigneur,
Source de toute lumière, ami de mon œuvre naissante !
Car, aujourd’hui, je suis seul ; qui peut-me suivre là-bas,
Dans ce mondes chéris et secrets ? Tu es loin er personne
Ne nous réconcilie, moi, et ma vie et mon sort !
Frère de l’âme ! ton Wilhem est perdu dans la foule,
Il se sent orphelin, seul dans la grande cité !
C’est le froid du dehors qui vient éteindre ma flamme :
Si j’étais mort plus tôt, plein que je suis pour l’instant
Du meilleur de moi-même, ma foi et ma pure espérance,
Là, mon ami, j’aurais pu vivre dans l’éternité.
1817
Traduit du russe par André Markowicz,
In, « Le soleil d’Alexandre. Le cercle de Pouchkine 1802 – 1841 »
Actes Sud, éditeur,2011
Du même auteur :
La lune (12/10/2018)
La nuit (13/10/2019)