30 avril 2020

Roberto San Geroteo (1951-) : « Le bleu du ciel est blanc... »

  Le bleu du ciel est blanc, et froid, et vide de sens. ce qui de loin le traverse s’y attarde, s’en nourrit. des oiseaux. des cris. des nuages. et des yeux.   tu vas et viens d’un côté puis de l’autre, dedans tu te dis la saveur de l’air gris. dehors tu ne penses qu’au retour   Il neige autour d’elle, et lui, il y a très longtemps tu fermes les yeux et l’image tressaille en toi   tu vas et viens entre deux vies, l’une rit sur un versant et disparaît dans l’autre. et l’autre sur la cime semble dire... [Lire la suite]
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29 avril 2020

Joseph Brodsky / Иосиф Александрович Бродский (1940 – 1996) : Elégie à John Donne / Большая элегия Джону Донну

  Elégie à John Donne     John Donne s’est endormi et tout dort autour de lui, dorment les murs, le plancher, le lit, les tableaux, dorment la table, les tapis, les verrous, le cadenas, l’armoire toute entière, le buffet, les bougies, les rideaux. Tout dort. Les bouteilles, les verres, les vases, le pain, le couteau de cuisine, la porcelaine, les cristaux, la vaisselle, la veilleuse, le linge, la commode, les vitres, l’horloge, les marches, les portes. Partout c’est la nuit. Partout il fait nuit :... [Lire la suite]
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28 avril 2020

Alain Mabanckou (1966 -) : Les arbres aussi versent des larmes.I

  Les arbres aussi versent des larmes.   I je sais à présent que dans la forêt dense de la solitude l’homme retrouve sa nature primitive l’usage du feu le dialogue avec les arbres et les plantes la prédiction du temps et des saisons à l’aide des brindilles de la feuille qui tombe   j’ai oublié le langage des hommes depuis que je traque les empreintes d’un territoire migrant   que m’importe maintenant l’usage de la parole les mots évidés décharnus qui ne valent le pépiement des... [Lire la suite]
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27 avril 2020

Claude Vigée (1921 -2020) : Passant près d'un banc vide / Ich geh àm e läre bänkel verbéi

      Passant près d'un banc vide   Bonsoir, petite Evy, bonsoir comme autrefois, toi qui, depuis de si longs jours déjà , demeures loin de moi.   Bonsoir dès que je passe à côté de ton banc dans le parc étranger où nul ne va s’asseoir, où personne dans le noir ne dresse les oreilles quand le silence sur nous s’étend dans les buissons, et que, très lentement, avec la nuit qui tombe, s’éteint dans la pénombre le murmure de mes mots :   entre plaisir et peine à travers deuil et joie,... [Lire la suite]
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26 avril 2020

Johannes Bobrowski (1917 – 1965) : Tour de voiture / Wagenfahrt

  Tour de voiture   Belle lune de Mariampol ! Sur la lisière de chaume, ma petite cité, derrière les baraques elle monte, lourde, pesante et comme parfois retombant un peu. Ainsi va le marchande de chevaux, il achète pour sa mère un foulard à frange.   Le soir, tard, ils ont chanté tous les deux. Nous sommes rentrés chez nous en traversant la rivière, sur le bac on entendait, comme l’eau, passer, légers, des mots échangés de gens se hélant, s’appelant – nous l’avons entendue longtemps ... [Lire la suite]
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25 avril 2020

Pierre Morency (1942 -) : Rien

Rien   Il n’y a rien. Rien sinon ce peu de jour qui vient avec le jour, que l’ombre au flanc de la montagne. Il n’y a rien. Que le vent de solitude, les petites vagues quand on dort. On voit un enfant qui naît, un enfant qui meurt. Puis après, rien, plus rien. Rien que l’incroyable Voie Lactée, rien que l’arbre qui pousse en montant. Quand on pense qu’il pourrait y avoir tout. Il pourrait y avoir des éveils, des élans, des lenteurs sous les eaux, des giclements, des vénus montées sur des bêtes blondes ; il pourrait... [Lire la suite]
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24 avril 2020

Georges Ribemont – Dessaignes (1884 – 1974) : Attente

  Attente     Les hirondelles du souvenir Voyagent d'un doigt à l'autre Et sur le bout du doigt Le lézard vert de l'avenir Mange les mouches du cœur. Je donnerai cette pastille A la langue qui baisera l'ennui fidèle, J'accepterai la main Qui donnera des graines de soleil, De lune, d'étoiles et de nuages A mon perroquet vert. Je crie : A moi, à moi, à moi ! Mais je sais bien que ce n'est qu'un perroquet à l'œil vorace, Car je n'appelle pas, ni moi, ni vous ni personne. Sous le masque j'ai mis le... [Lire la suite]
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23 avril 2020

Rabindranath Tagore / রবীন্দ্রনাথ ঠাকুর (1861 – 1941) : Cygne (I – VI)

 Cygne (I- VI)   I O mon Nouveau ! O chose non mûre ! Toujours vert ! Inconsidéré ! Renvoie d’un coup dans la vie tous ces demi-morts ! La lumière du matin est rouge à force d’ivresse. Que les gens crient contre toi comme il leur plaît, Jette de côté la querelle, à ton aise, Et fais danser très haut ta belle queue d’oiseau ! Viens mon éclatant, mon jeune, mon Nouveau !   La cage se balance gentiment dans l’air, Rien ne bouge, ne remue Dans leur maison ni dans leur... [Lire la suite]
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22 avril 2020

Michel Manoll (1911 – 1984) : A René Guy Cadou

  A René Guy Cadou   Ô mon ami, glycine odorante d’avril Et qui tiens sous ton joug un essaim de pétales, Le temps n’a pas pouvoir de dénouer le fil Qui nous rattache au même océan végétal, Le temps n’a pas pouvoir de faner le pistil Où la lumière avive, un instant, son cristal. Le feu que nous avons tant de fois allumé Brûle encore au déclin du jour, parmi les treilles Où le ciel migrateur butine tes prunelles De givre, de pollen et de houle tramées.   Il n’est que d’entrouvrir la porte d’une auberge, ... [Lire la suite]
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21 avril 2020

Paul Dirmeikis (1954 -) : L’Epaule d’Orphée

  L’épaule d’Orphée   - Dix stances de sel –   STANCE I   Chœur de la blessure : Voici donc le partage à la jarre ! Deux mains qui s’éloignent après l’étreinte du cilice à vos reins lissant au ciel ses veines comme des rives bleuies.   Voici dans l’orne le tracé gravide où la lyre d’Orphée se déliera Voici aux cornes alliées à vos âmes sa drège de cordes comme des lames au fil des cœurs à vif et sans mémoire   Voici les noces du sel et de la plaie ! Les voici à vos... [Lire la suite]
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