Jude Stéfan (1930 - 2020) : A une lectrice d’arbres
A une lectrice d’arbres
Chère amie me dites-vous peu longévif
que le séquoia atteint jusqu’à mille
ans pour m’accabler ou parce qu’il se plaît
au bord des eaux ? Résister au froid le pin
qui préfère la tourbe – moi me fige
l’argile finale ayant trop vu trôner
le thuya au centre des hospices où
jouent les vieillards aux fantômes
et l’on dit menacé l’orme ? Mais le port
du tremble, le couvert dense du tilleul
où chantaient les pipeaux pastoraux,
l’orange des sorbiers ? O blanche aubé-
pines et magnolias roses acacias !
En ville souffre l’épicéa dont
vous auriez pitié : je vous prie
ne me parlez plus de l’amer cy-
Neuf poèmes neufs
In, « La Nouvelle Revue Française, N° 282, Juin 1976 »
Du même auteur :
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