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Le bar à poèmes
16 avril 2020

Peter Huchel (1903 – 1981) : Le moissonneur polonais / Der polnische schnitter

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 Le moissonneur polonais

 

Ne te plains pas, crapaud aux yeux d’or,

dans l’eau pleine d’algues de l’étang.

La nuit, le ciel murmure

comme un grand coquillage.

Son murmure m’appelle à rentrer.

 

La faux sur l’épaule

je gravis la chaussée claire

entouré par l’aboiement des chiens,

et passe devant la forge charbonneuse

où dort, sombre, l’enclume.

 

Dehors, dans la dépendance,

les peupliers nagent

dans la lumière laiteuse de la lune.

Les champs respirent encore chaud

dans le cri des grillons.

 

Ô feu de la terre,

mon cœur contient une autre ardeur.

Je fauchais champ après champ,

aucune tige n’était mienne.

 

Tempête d’automne, soufflez !

Sur des sols vides

se réveillent les dormeurs affamés .

Je ne longe pas seul

la chaussée claire.

 

Au bord de la nuit

Les étoiles luisent

comme le blé dans l’aire,

je rentre au pays d’est

dans les lueurs du matin.

 

Traduit de l’allemand par Emmanuel Moses

In, Peter Huchel : « La tristesse est inhabitable »

Editions de La Différence (Orphée), 1990

Du même auteur :

Exil (16/04/2015)

Ferme Thomasset (16/04/2016)

« Sous la houe brillante de la lune… » / Unter der blanken Hacke des Monds… » (16/0420/17)

Origine / Herkunft (16/04/2018)

Le tombeau d’Ulysse / Das Grab des Odysseus (16/04/2019)

Znorovy (16/04/2021)

Île du sud / Südliche insel (16/04/2022)

Eté écossais / Schottischer Sommer (16/04/2023)

Monnaie de Bir-El-Abbas / Münze aus Bir El Abbas (16/04/2024)

 

Der polnische schnitter

 

Klag nicht, goldäugige Unke,

im algigen Wasser des Teichs.

Wie eine grosse Muschel

rauscht der Himmel nachts.

Sein Rauschen ruft mich heim.

 

Geschultert die Sense

geh ich hinab die helle Chaussee,

umheult von Hunden,

vorbei an russiger Schmiede,

wo dunkel der Amboss schläft.

 

Draussen am Vorwerk

schwimmen die Pappeln

im milchigen Licht des Mondes.

Noch atmen die Felder heiss

um Schrei der Grillen.

 

O Feuer der Erde,

mein Herz hält andere Glut.

Acker um Acker mähte ich,

kein Halm war mei eigen.

 

Herbstürme, weht !

Auf leeren Böden

werden die hungrigen Schläfer wach.

Ich geh nicht allein

die helle Chaussee.

 

Am Rand der Nacht

schimmern die Sterne

wie Korn auf der Tenne,

kehre ich heim ins östliche Land,

in die Röte des Morgens.

 

Gedichte

Aufbau Verlag, Berlin (RDA), 1948

Poème précédent en allemand :

Eric Arendt: Le cimetière juif de Prague /Prager Judenfriedhof (17/02/2020)

Poème suivant en allemand :

Johannes Bobrowski : Tour de voiture / Wagenfahrt (26/04/2020)

 

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