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Le bar à poèmes
14 mars 2020

Jean-Paul Guibbert (1942 -) : « Nous abîmez alors dans la louange... »

 

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Nous abîmez alors dans la louange de vos gestes,

Ainsi, afin de demeurer,

Car la face de dieu toujours dans l’ombre persévère.

 

Les traces de vos pas m’ouvrent un chemin serein,

Jamais le corps ne fut un si grand risque.

 

*

Je fus il y a longtemps abordé et fidèle,

Aujourd’hui à ma porte,

Lorsque sont devant moi les ténèbres du soir,

Je ne sais rien sinon l’espace de ma chair

Et sur des mains absentes les traces de mes mains ;

Et souvent aux degrés la brise de passage

Laisse un passé de sel, une trace de pas

Et le poids de ton corps, l’orgueilleuse mémoire

De mon geste à tes reins.

 

*

En silence le vase identifie la salle

Et les murs sont ténèbres et vastes et vénéneux,

L’air a cette moiteur des robes en été

(Irrespirables et douces)

Et quelle effroi d’avoir opté pour l’infante,

D’avoir neigé pour elle,

Et de l’avoir lavé avec l’eau des sources domestiques.

Nous sommes en vos bras, grand favori, grand échanson,

Celui qui tend les bras et déchire la robe.

 

*

Infante, ma maison est blanche dans le bleu,

Votre main si futile a dérouté les langues de la mort.

De ma fenêtre enracinée je vois les filles dans le soir,

Leurs pieds sanglés de cuir et leurs robes qui glissent sur le flanc des chevaux ;

Et la fin qui me guettent en ma tour vers l’obscur

Et votre main légère qui demande mon bras pour le repas du soir.

 

*

Ou lorsque vous baisez ma bouche un long temps

Avant les pièges de la nuit,

Que mon sommeil en est séduit

(Les nuits d’obscur sont nos bonheurs)

Que d’enfants blondes et de lèvres

Sur le bateau de cette nuit.

 

*

L’amie est dans le rêve,

Dans les voiles d’oubli, de marche et de grand vent.

Son âme est un vaisseau

(Le corps aux isthmes où l’on aborde).

Ma peur, je crie vers les collines de chaleur,

Les servitudes des arbres et des fontaines,

Les sentiers noirs, le miel des rives ;

Pour qu’elle aborde en ces contrées.

 

*

O ma douleur d’être avec toi sur cette lame de vie

Et décriés comme au néant de l’être nous serons

Et morts dans l’âme de survivre

Et de naître si violemment à chaque saison de toi.

(Mémoire)

 

Haut lieu du cœur

Editions de la Différence, 1976

Du même auteur :

Voix ailée et vaine de Béatrice (06/02/2015)

Stèle d’une courtisane (15/03/2016)

Tombe de jeune homme (15/03/2017)

Stèle d’un mystique étranger (15/03/2018)

« Nous avancions... » (15/03/2019)

 

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