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Le bar à poèmes
17 février 2020

Eric Arendt (1903 -1984) : Le cimetière juif de Prague / Prager Judenfriedhof

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Cimetière juif de Prague

Pour Paul Celan

 

Mortes les racines

à l’intérieur. Au mont des Oliviers

l’ombre de la mort,

séparée. Chemin de Croix

qui ne finit jamais : le tien,

le mien – mais

elle erre encore,

l’aile de mer

de la parole.

 

Ici, jours années, gris,

le tissu

l’effeuillé. En haut

quelque chose écoute. Inaudible,

un vent. Jours années,

gris, une plainte,

sillage dans l’air. Vent,

ancien comme un obscurcissement

d’écorces.

Mais sous le jour, la paupière,

songent –

                  du profond

du sol, pierre depuis longtemps,

poussent les fronts

des morts : tables de la Loi

non brisée, front sur front,

basculées, recourbées

par le Dieu-temps, son

souffle. Inscrire lisible

la dure

linéature, gris-coeur l’ancien :

l’ineffaçable testament

de la souffrance, il vaut toujours,

on compte

d’après lui, aussi le gris

de tes tempes,

dernier

sédiment de la parole.

                                        Yeux, ô bouches

                                        yeux ! Miriam,

                                        Yehoudi, le sable,

                                        de vos pieds ! persécutés,

brûlés !

 

Yeux bouches

de l’écriture,

cortège d’ombres d’un

souvenir, gravé,

sans yeux ici sans bouche.

Frères de la poussière

nos doigts

lisent les noms.

 

Traduit de l’allemand par Marc Petit

in, « « Anthologie bilingue de la poésie allemande »

Editions Gallimard (La Pléiade), 1995

 

Prager Judenfriedhof

Für Paul Celan

 

Abgestorben

die Wurzeln innen. Am Ölberg

der Schatten des Todes

entsamt. Kreuzweg :

nie endend  : Deines

und Meines – aber

noch irrt

der Meeresflügel

des Worts.

 

Hier, Tagjahre grau,

das Gespinst, das

Entlaubte, oben

ein Lauschen. Unhörbar

ein Wind.Tagjahre

grau, die klagende

Düsenspur. Wind,

alt wie Erdunkeln

von Rinden.

Unter dem Taglid doch

sinnen –

                                            tief

aus dem Boden, Stein längst

wachsen die Stirnen

der Toten : Gesetzestafeln

ungebrochen, Stirn an  Stirn,

geschleudert, gebogen

vom Zeitgott, von

seinem Wind. Zu lesen darauf

die harte

Lineatur, herzgrau das Alte :

des Leids, unlöschbares

Testament, das gilt noch,

nach ihm wird

gezhält, auch das Grau

deiner Schläfe,

letzes

Sediment des Worts.

                                        Augen ihr Münder

                                        Augen ! Mirjam

                                        Jehudi, der Sand

                                        eurer Füße ! Verjagte,

verbrannt !

 

Augen Münder

der Schrift

Schattenzug eines

Erinnerns, eingegraben,

auglos hier mundlos.

Dem staub verschwistert

unsre Finger,

lessen die Namen.

Poème précédent en allemand :

Friedrich Nietzsche : Le soleil décline / Die Sonne sinkt (07/02/2020)

Poème suivant en allemand :

Peter Huchel : Le moissonneur polonais / Der polnische schnitter (16/04/2020)

 

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