31 décembre 2019

Casimiro de Brito (1938 -) : « Assis dans la mer... » / « Sentado no mar... »

    Assis dans la mer qui s’assied à tes pieds tu caresses un chien sur la plage déserte. La mémoire s’insinue en mots que tu ne sais pas déchiffrer ; sable tissé dans un alphabet rigoureux. Tu respires l’océan qui fluctue dans le fil du regard, dans les bateaux qui brillent sur la toile des eaux. La lumière en cascade. Les rets de la mort sacralisés en chaque mouvement.   Traduit du portugais par Michelle Giudicelli in, « Les poètes de la Méditerranée. Anthologie » Editions Gallimard... [Lire la suite]
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30 décembre 2019

Dylan Thomas (1914 – 1953) : “ La force qui pousse la fleur... ”/ “ The force that through the green…”

  La force qui pousse la fleur dans la verdeur Pousse ma verdeur ; qui dévaste les racines des arbres Est mon dévastateur. Et je suis muet pour dire la rose tordue Ma jeunesse courbée par la même fièvre hivernale.   La force qui pousse l’eau parmi les rocs Pousse mon sang rouge, tarit les eaux jaillissantes. Fige les miennes en cire. Et je suis muet pour puiser à mes veines Comme la même bouche puise au torrent de montagne.   La main qui fait tourbillonner les eaux dans la mare Trouble le sable... [Lire la suite]
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28 décembre 2019

Bai Juyi / 白居易 (772 – 846) : Ni fleur ni brume

Ni fleur ni brume   Fleur. Est-ce une fleur ? Brume. Est-ce la brume ? Arrivant à minuit, S’en allant à l’aube. Elle est là : douceur      d’un printemps éphémère. Elle est partie :      nuée du matin, nulle trace;     Traduit du chinois par François Cheng In, « Poésie chinoise » Editions Albin Michel (Les cahiers du Calligraphe), 2000     Un semblant de fleur, Un semblant de brume. S’en venant à minuit, S’en allant à... [Lire la suite]
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28 décembre 2019

Tristan Klingsor (1874 – 1966) : La taupe

  La Taupe   Quand vous m’aurez, Seigneur, à mon tour englouti Dans la rivière étincelante des ténèbres, Quand vous m’aurez à mon tour culbuté Dans ce gouffre peuplé de crabes étoilés, Ne me demandez pas de venir devant vous, Tremblant devant les yeux émeraudes de vos yeux, Tremblant devant l’étain lustré de votre barbe, Mais laissez-moi dernier dans la foule innombrable Aux milieux des oiseaux bleus et verts De votre paradis. Laissez-moi dans un coin rêvasseur solitaire, Laissez-moi d’un seul doigt doucement... [Lire la suite]
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27 décembre 2019

Louis Brauquier (1900 – 1976) : « Nous avons marché côte à côte ... »

    Nous avons marché côte à côte dans les rues de tant de villes Que parfois dans notre silence je m’éveille Et me demande, une seconde, où je suis.   Hélas ! Ce n’est pas la rue de la Douane, à Malmousque, Ni celle des Pharaons dans la blanche Alexandrie, Ni toutes celles des ports ou des villes dans les terres Que nous regrettons, bien sûr, puisqu’elles sont le passé.   Mais tu es là, près de moi, dans la foule étrangère, Où, seul, je me serais si facilement perdu ; Et je te tiens par le... [Lire la suite]
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26 décembre 2019

Claude Roy (1915 – 1997) : A la lisière du temps

    A la lisière du temps   Quand on marche le soir à la lisière du temps il monte soudain une bouffée d'enfance les cris d'hirondelles folles d'un préau d'école ou le silence de la barque sur la rivière à la tombée du jour quand le soleil rase l'eau qui moucheronne ou bien la sonnette (deux fois) de l'épicerie-mercerie où on achète après l'école les rouleaux de réglisse Zan, qui barbouillent de noir et font les doigts collants.   On tend l'oreille le long du voile de la brume. Quelqu'un parle à... [Lire la suite]
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23 décembre 2019

Saadi Youssef (1934 -) / سعدي يوسف : Le village

  Le village   Hier il s’est mis dans un coin, avec son acte de naissance Haletant, il a tourné et retourné les feuilles : l’âge les années le visage enfantin puis son village Il a senti la terre ferme sous ses pieds et l’eau qui coulait Ce pont-là était toujours aussi petit Brusquement la chanson de l’enfance s’est insinuée en lui Lakdhar au verbe hésitant dira-t-il quelque chose ? Et les pas ? Laissera-t-il ses pieds se diriger où bon leur semble ?   Au loin son village le pont... [Lire la suite]
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22 décembre 2019

André de Richaud (1909 – 1968) : La chanson de mort

  La chanson de mort   Vous, les autres qui m’avaient tiré par les lèvres jusqu’à une seconde de votre peau et dont je me suis repoussé jusqu’à l’éternité parce que mon amour vous aurait      peut-être tué   Adieu les autres ce n’est pas le moment d’être hypocrite chacun de mes mouvements vous inonde de mort Allez-vous en Allez-vous en  que je vous voie longtemps ne plus penser à moi   Pourtant tout se déchire sous mon visage Pourtant mes gestes s’éloignent de moi je... [Lire la suite]
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20 décembre 2019

Louise Warren (1956 -) : L’Amant gris

    L’Amant gris     Tu ne sais pas grand-chose de moi. Tu connais le goût du vin laissé sur ma langue mais tu n’as pas goûté à ma bouche gonflée de sommeil. Tu sais que la nuit je vois des serpents et des flèches sur les murs de ma chambre et j’entends siffler des trains. Quand la lune est ronde, elle fait des vœux, seulement les mercredis de pleine lune, seulement les mercredis. Tu connais un échantillon de ma peau et tu sais les tissus qui m’habillent. Tu as deviné que la soie sauvage est... [Lire la suite]
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20 décembre 2019

Giacomo Leopardi (1798- 1837) : Les souvenirs / Le ricordanze

  Les souvenirs             Belles étoiles de l’Ours, pouvais-je croire Qu’un jour je reviendrais vous contempler Scintillantes au-dessus du jardin de mon père, Et deviser avec vous depuis les fenêtres De cette demeure où j’habitais Enfant et de mes joies connus la fin. Alors, que de chimères, que de fables Engendrait votre vision dans mon âme, Avec celle des lumières vos compagnes ! Quand, silencieux, assis dans l’herbe, J’aimais à passer grand-partie de mes... [Lire la suite]
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