30 novembre 2019

Jean Ristat (1943 -) : « Écriture rends-nous la mémoire ... »

      I   Écriture rends-nous la mémoire avant que L’oubli n’enfouisse nos songes comme dans Un jardin abandonné le tohu-bohu Des lilas et des herbes mouillées où se bousculent Des odeurs je pense à toi ami maintenant Que la rumeur t’a enseveli je Me retrouve seul dans l’attente des roses Que tu aimais égorger avec des ciseaux D’argent Ô comme le temps me manque au milieu De la vie comme au bord d’une tombe à qui Parlé-je donc devant ce miroir brisé Ô J’ai avalé les ombres et leurs flammes de... [Lire la suite]
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29 novembre 2019

Gérard Le Gouic (1936 -) : Ici

    ICI   Ici quand la mer se retire on reste sans force on se sent tout à coup vieillir et prisonnier de l’île comme d’un coffre   Ici les îliens vivent l’horizon à hauteur du cœur, des blessures de mer dans les mains.   Ici le jour devance la montée du soleil comme si la lumière était un brouillard de mer ou les franges de l’île.   Ici la mer en hiver s’habille en bretonne : de velours noir de blanches dentelles.   Ici le sel et la lumière la mer, les phares, le... [Lire la suite]
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28 novembre 2019

Wolfdietrich Schnurre (1920 – 1989) : Messages clandestins, poèmes 1945 – 1956 / Kassiber, gedichte 1945 – 1956 (IV)

  Messages clandestins   .................................................................. PRIERE Effraie-moi. Afflige-moi de visions d’horreur. Ne te retire pas derrière le large écran d’un divertissement coloré. Ne me laisse pas dépérir dans cette forêt d’antennes de télévision. Brise avec mon trépas les séries d’une statistique normalisée et envoie une mort, à qui terreur et technique sont odieuses, qui librement s’approchera de moi, dans l’auréole de l’épouvante, mais dont le front aussi sera nimbé ... [Lire la suite]
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27 novembre 2019

Fabienne Courtade (1957 -) : « Nuits / d’une noirceur à l’autre... »

  Nuits d’une noirceur à l’autre quel lambeau furtif   quel instant infime retombe nuit gravat      d’autres nuits ou bien les mêmes   replis foule qui passe se répète aubes aux lignes   lointaines nuits     sur quoi sur qui     viennent et s’érigent ces mêmes levers blancs morts vifs     aux anges des murs où avions-nous buté mille fois sans jamais plus arrêter   Nuits foules qui passe lorsque se... [Lire la suite]
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26 novembre 2019

Jean Mambrino (1923 – 2012) : Clairière (31 – 40)

  Clairière   31 la pluie raye le miroir glauque dilue le temps où bougent les formes et les ombres   tous les chemins disparaissent de la forêt au centre de l’âme   le ciel noir en cascades précipite l’absence   l’abîme     de toutes parts     luit   les troncs empruntent leur matière à cette nuit où la pluie est plus obscure que la neige   quels sont ces arbres  qui brûlent derrière la pluie de la mort ces hautes flammes... [Lire la suite]
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25 novembre 2019

Alphonse Esquiros (1812 – 1876) : « Comme le grand lion de la ménagerie... »

  Comme le grand lion de la ménagerie, Captif au mois de mai dans des barreaux de fer, Crispant son front terrible et sa face amaigrie, Jette superbement sa chevelure en l'air,   Lorsque le vent du sud aux haleines plus lentes, Comme un souffle sorti du sein de Caliban, Apporte, vers le soir, dans le Jardin des Plantes, Le parfum résineux du cèdre du Liban,   Moi, dans cette saison où renaît le bocage, Soulevant vers le ciel ma tête avec fierté, Je rugis quand je sens pénétrer dans ma cage ... [Lire la suite]
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24 novembre 2019

Mikha’il Nou’Ayma / ميخائيل نعيمة (1988 – 1889) : Le fleuve gelé

  Le fleuve gelé   Ô fleuve, tes eaux se sont-elles enfoncées dans la terre de telle sorte que tu as cessé de murmurer ?   Ou bien as-tu vieilli et ton initiative affaiblie t’a fait renoncer à poursuivre ton chemin ?   Hier encore tu chantais d’une voix douce, frayant ton trajet d’allégresse parmi les vergers et les fleurs.   Tu récitais la vaste chanson du monde captée à la source des traditions qu’ont léguées les siècles successifs.   Hier encore tu allais bravement ton... [Lire la suite]
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23 novembre 2019

Rainer - Maria Rilke (1875 – 1926) : « Nul ne sait... »

  Nul ne sait, combien ce qu’il refuse, l’invisible, nous domine, quand notre vie à l’invisible ruse cède, invisiblement.   Lentement, au gré des attirances notre centre se déplace pour que le cœur s’y rende à son tour : lui, enfin Grand-Maître des absences.   Vergers suivi des Quatrains valaisans Editions Gallimard, 1926 Du même auteur : Naissance de Vénus / Geburt der Venus (23/11/2014) Nordsee, I (23/11/2015) Soir en Scanie / Abend in Skåne (23/11/2016) Deuxième élégie / Zweite... [Lire la suite]
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22 novembre 2019

Giovambattista Marino (1569 - 1625) : Ciel et mer / Tranquillita notturna

 Ciel et mer   Craton, songe à la mer maintenant que son flot S’assoupit sur la grève et que le vent se tait ; Vois la nuit dans le ciel déployer son manteau Noir et bleu, fastueux, éclaboussé de gemmes.   Contemple toute nue et sans la moindre nue Nager dans l’océan de l’espace étoilé Et mêler la blancheur splendide de leurs corps La Lune et tout autour les Nymphes du ciel.   Regarde brasiller sur ces plages distinctes Et s’abattre, fondant une même splendeur : Les étoiles-poissons et les... [Lire la suite]
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21 novembre 2019

Miguel D’ors (1946 -) : « Comment appeler l’oiseau... »

  Comment appeler l’oiseau pour que du vers il se lève et s’envole et s’égare de branche en branche, comment ? Comment appeler le fleuve sans interrompre son chant ni taire son écoulement ? Comment faire pour que le nom de la rose conserve son parfum ? Comment dire sable et sentir la caresse d’une main dorée, et comment faire pour que le soleil et le vent, le feu et les automnes demeurent dans le poème ? Ah, où apprendre cette magie de disposer le nom des choses de façon à ce que le lecteur de... [Lire la suite]
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