Oiseaux qui sont
dans l’herbe en automne
Une caille est un geste
lancé dans le bleu un carré
de petit lotier (dessin
d’un village hangar et des tuiles
entre deux branches) geste lancé
par-dessus le buisson derrière
caillou tombé de la grande herbe
une ombre où dans le silence
bat son cœur d’ombre où ?
La perdrix elle pourrait être un bruit
dans ce poème (silence un automne et la
couleur des regains) si les mots...
rien qu’un motif
au bord de l’imagination : tache automne
orangé cri (silence) d’un coq de roche – Brésil
ou braise en mon trou natal ; perdrix
rouge dans un regain (pas d’Amazonie) parlé
de plus en plus gris .
Une caille est tellement loin mais
presque sous mon pied (luzerne
en septembre le temps doré des
petits cailloux blancs) autrefois aujourd’hui
quelle trace : un poème aussi soudain (blanc
de la page rempli derrière la vitre un autre
espace en automne un arbre et des
petits mots noirs) aujourd’hui demain
quelle trace. Le mot caille est tellement
loin. Poème comme un fusil.
Gelinotte au bois dans
la Nouvelle-Angleterre un érable un
autre et des herbes mal connues (dé
chirure charpie des graines dans
mes souliers) passage un jour de chasse
à travers des pommes (picotées) le rouge et
pas d’oiseaux sauf un bruit soudain
(branches et bleu remués) puis silence et le fusil
un peu niais déçu – mais plaisir.
Paysage au fusil (coeur) une fontaine
In, « Cahiers de poésie, 2 »
Editions Gallimard, 1976
Du même auteur :
Trois figures qui bougent un peu (19/03/2015)
Presque rien à Sidi Slimane, le temps qui vient (07/06/2018)
Oiseaux qui sont dans la fontaine close (02/12/2019)
Oiseaux qui sont dans le cœur des arbres (07/06/2020)
Morceaux d’oiseaux qui sont dans le poème abandonné (02/12/2020)