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Le bar à poèmes
15 avril 2019

Salvatore Quasimodo (1901 – 1968) : Devant le gisant d’Ilaria del Carretto / Davanti al simulacro d’Ilaria Del Carretto

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Devant le gisant d’Ilaria del Carretto

 

Déjà la lune douce éclaire tes collines ;

Au long du Serchio en robes bleues et rouges

Se promènent d’un pas léger les jeunes filles,

Comme de son temps, ô ma chère ; et Sirius

Pâlit, de plus en plus on le voit s’éloigner

Et la mouette sur les grèves délaissées

S’affole. Les amants s’avancent dans la joie

Sous le ciel de septembre et leurs gestes soulignent

Des mots que tu connais, paroles chuchotées.

Ils n’ont plus de pitié. Mais quelle est donc ta plainte,

Ô toi, demeurée seule et captive sur la terre ?

Comme toi je tressaille et d’un même sursaut,

Peut-être de colère et de peur. Qu’ils sont loin

Nos morts ! Mais les vivants le sont encore plus,

Mes lâches compagnons, que fige le silence.

 

Note : Paolo Guinigi, seigneur de Lucques, fit élever dans la cathédrale de sa ville, un sépulcre

en l’honneur de son épouse, Ilaria del Caretto, décédée deux ans après son mariage.

 

Traduit de l’italien par Sicca Vernier

in, « Poètes d’Italie. Anthologie, des origines à nos jours »

Editions de la Table Ronde, 1999

 

Devant le gisant d’Ilaria del Carretto

 

Tes collines déjà sous la tendre lune,

le long du Serchio des filles en robe

rouges et turquoises évoluent légères.

Comme à ta douce époque, ô chère ; et Sirius

s’éclipse, et toute heure s’éloigne,

et la mouette entre en fureur sur les

plages abandonnées. Des amants heureux

vont dans l’air de septembre, leurs gestes accompagnent

les ombres des paroles

que tu connais. Ils sont sans pitié ; et toi

que la terre retient, que pleures-tu ?

Ici restée seule. Mon sursaut

est peut-être le tien, de même colère et frayeur.

Lointains sont les morts, et plus encore les vivants,

mes compagnons vils et taciturnes.

 

Traduit de l'italien par Roland Ladrière

in, Salvatore Quasimodo : "Oeuvres poétiques"

Editions de Corlevour, 92110 Clichy,2021

Du même auteur :

Et c’est bientôt le soir / Ed è subito sera (01/11/2014)

J'entends encore la mer / S’ode ancora il mare (15/04/2018)

Anno Domini MCMXLVII (15/04/2020)

Vent à Tyndaris / Vento a Tindari (15/04/2021)

Temple de Zeus à Agrigente / Tempio di Zeus Ad Agrigento 15/04/2022) 

La pie noire rit sur les orangers / Ride la gazza, nera sugli aranci. (06/10/2022)

Les retours / I Ritorni (15/04/2023)

Glendalough (06/10/2023) 

: Ô mes doux animaux / O miei dolci animali (15/04/2024)

 

Davanti al simulacro d’Ilaria Del Carretto

 

Sotto la terra luna già i tuoi colli,

lungo il Serchio fanciulle in vesti rosse

e turchine si muovono leggere.

Così al tuo dolce tempo, o cara, e Sirio

perde colore, e ogno ora s’allontana,

e il gabbiano s’infuria sulle spiagge

derelitte. Gli amanti vanno lieti

nell’aria di settembre, i loro gesti

accompagnano ombre di parole

che conosci. Non hanno pietà; e tu

tenuta dalla terra, che lamenti?

Sei qui rimasta sola. Il mio sussulto

 

forse è il tuo, uguale d’ira e di spavento.

Remoti i morti e più ancora i vivi,

i miei compagni vili e taciturni. 

Poème précédent en italien :

Francesco Petrarca : « La vie fuit... » / « La vita fugge... » (21/02/2019)

 Poème suivant en italien :

Cesare Pavese : Paysage VIII / Paesaggio VIII (18/04/2019)

 

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