Wilhelm Karlovitch Küchelbecker / Вильге́льм Ка́рлович Кюхельбе́кер (1797 – 1846) : La lune
La lune
Lune, toi qui blanchis le fer
Des froids barreaux de ma cellule,
Astre de neige, calme et clair
Qui, loin, là-haut, sans flamme brûles,
Je te salue de ma douleur,
Reine nocturne, œuvre divine –
La paix me vient de ta blancheur,
C’est l’âme que tu m’illumines.
Comment ! serais-je seul ici,
Comptant sans fin les pas des gardes ?
J’ai des amis qui, eux aussi,
Veillent et songent, te regardent.
Peut-être, ils penseront à moi
En s’endormant, prieront peut-être ;
Volant vers leur séjour de joie,
Mon ombre, se sentant renaître,
Les bénira... Et quand, soudain,
L’aube luira sur les nuages,
L’étoile du premier matin
Aura dissipé mon image.
1828-1829
Traduit du russe par André Markowicz,
In, « Le soleil d’Alexandre. Le cercle de Pouchkine 1802 – 1841 »
Actes Sud, éditeur,2011
Du même auteur :
La nuit (13/10/2019)
Elégie (13/10/2020)