29 juin 2018

Mérédith Le Dez (1973 -) : « Il y a la guerre ... »

  Il y a la guerre dans ce pays et tout autour encore il y a la guerre   la guerre est sur tous les fronts elle ronge les yeux elle mange le ventre elle inonde les lèvres d’une écume nauséabonde   telle est la guerre sans égard sans attente   la guerre étale au jour une mer de boucliers arides la guerre ouvre à la nuit ses tranchées boueuses   si tu dis je préfère la paix quelle est la terre qui ondule sous le nom de paix   je ne connais pas la paix   il n’ y a de terre... [Lire la suite]
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28 juin 2018

Jean Sénac (1926 – 1973) : Miroir de l’églantier

  Miroir de l’églantier   Feu de sarments dans tes yeux feu de ronces sur tes joues feu de silex sur ton front feu d’amandes sur tes lèvres feu d’anguilles dans tes doigts feu de laves sur tes seins feu d’oranges dans ton cœur feu d’œillets à ta ceinture feu de chardons sur ton ventre feu de glaises à tes genoux feu de bave sous tes pieds feu de sel et feu de boue un incendie réel tout droit sur la falaise un faisceau de saveurs où je me reconnais   Mère ma ténébreuse   Alger, 24. XI. 49 1... [Lire la suite]
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27 juin 2018

Jean-Luc Parant (1944 -) : « Je pensais que l'on pouvait penser... »

            Je pensais que l'on pouvait penser parce que la terre tournait, et qu'elle tournait non seulement autour du feu mais aussi sur elle-même et, qu'en son mouvement de translation et de rotation, elle émettait en nous non seulement la lumière du soleil mais aussi le rythme de ses propres tours ... Et que l'on ne pouvait pas s'arrêter de penser parce que la terre ne pouvait pas s'arrêter de tourner ... Et que la pensée était non seulement soutenue chaque jour chaque ... [Lire la suite]
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26 juin 2018

Charles - Marie Leconte de Lisle (1818 - 1894) : Le sommeil du Condor

  Le sommeil du condor   Par delà l'escalier des roides Cordillères, Par-delà les brouillards hantés des aigles noirs, Plus haut que les sommets creusés en entonnoirs, Où bout le flux sanglant des laves familières, L'envergure pendante et rouge par endroits, Le vaste Oiseau, tout plein d'une morne indolence, Regarde l'Amérique et l'espace en silence, Et le sombre soleil qui meurt dans ses yeux froids. La nuit roule de l'est, où les pampas sauvages Sous les monts étagés s'élargissent sans fin ; Elle endort le... [Lire la suite]
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25 juin 2018

Alain Duault (1949 -) : « Auriez-vous aimé voir Cléopâtre... »

  Auriez-vous aimé voir Cléopâtre mourante son désastre Assoupi cette tristesse lente dans les hanches inclinées Le bel aveu d’amour pour le hasard ou pour la pluie pour Le glaive oublié les mains ouvertes de la pluie caressant Le casque de César et ce baiser cassé l’impossible désir Se retournant comme l’effroi du Sphinx figé en sable Le souvenir là-bas de ce pâtre de Thessalie de cette claire Fontaine d’hier osée de cette moue la bouche assassinée Auriez-vous eu peut-être un secret en commun une larme Une rose... [Lire la suite]
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24 juin 2018

Pierre Emmanuel (1916 – 1984) : Au nom secret

  Au nom secret   I a pas que Dieu al mond e Dieu i es pas Joan LARZAC      Ô mon amour je tiens parmi les hommes Ton nom scellé mais ne chante que toi Comme sous l’herbe une source chatoie Que sans jamais te nommer je ne nomme Que toi en tout ce qui tient nom de moi   Rends-moi présent Que je cesse d’attendre Ce qui m’entoure en attente de moi Donne à mon œil d’être humble envers mes doigts Pour que je prenne ici au lieu de tendre Filet troué le regard au-delà   Que de mes... [Lire la suite]
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23 juin 2018

Johann Wolfgang von Goethe (1749 – 1832) : Un autre pareil / Ein Gleiches

  Un autre, pareil   Sur toutes les cimes, Plus rien ne bouge, Aux sommets des arbres, Tu perçois à peine, Un souffle d’air. Dans la forêt les oiseaux se sont tus. Attends, bientôt, Tu reposeras à ton tour. (6 septembre 1980)   Traduit de l’allemand par Jean-Pierre Lefebvre in, « Anthologie bilingue de la poésie allemande » Editions Gallimard (La Pléiade), 1995 Du même auteur : Le Roi des Aulnes / Erlkönig (23/06/2014) Bienvenue et adieu / Willkommen und Abschied (22/06/2015) La... [Lire la suite]
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22 juin 2018

Paul de Roux (1937 – 2016) : Le corps rayonnant

  Le cops rayonnant   Moment où il semble qu’en nous le paysage tourne, quand nous ne savons plus y trouver un chemin : ni la vraie vie ni la mort mais la vie obstruée par ce qui n’a ni forme ni visage et que l’on n’ose attaquer crainte de se tromper de cible - si la faiblesse n’est pas la seule cause de cet accablement. (Je vois les toits ressuyer après la pluie qui laisse le ciel aussi couvert et dans la cour j’entends des bruits de caisses que l’on déplace et je m’élance - trop faiblement – vers une... [Lire la suite]
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21 juin 2018

Yosa Buson / 与謝 蕪村 (1716 – 1783) : « Rien d’autre aujourd’hui... »

  Rien d’autre aujourd’hui que d’aller dans le printemps rien de plus   Traduit du japonais par Roger Munier In, « Haïkus des quatre saisons » Editions du Seuil, 2010 Du même auteur :  « Par ici, par là… » (2106/2016) « Mes os mêmes… » (21/06/2017) « Braises… » (21/06/2019) « Cheminant par…» (21/06/2020)  « Le halo de la lune... » (21/06/2021) « Soir d’automne... » (21/06/2022) « Un éclair au matin... ! » (21/06/2023)
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20 juin 2018

Fernando Pessoa : (1888 - 1935) : « Lorsque viendra le printemps... / « Quando vier a Primavera... »

 Le gardeur de troupeaux   Lorsque viendra le printemps, si je suis déjà mort, les fleurs fleuriront de la même manière et les arbres ne seront pas moins verts qu’au printemps passé. La réalité n’a pas besoin de moi.   J’éprouve une joie énorme à la pensée que ma mort n’a aucune importance.   Si je savais que demain je dois mourir et que le printemps est pour après-demain, je serai content de ce qu’il soit pour après-demain. Si c’est là son temps, quand viendrait-il sinon en son temps ? J’aime... [Lire la suite]
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