29 mai 2018

Hector de Saint-Denys -Garneau (1912 – 1943) : « Il nous est arrivé... »

      Il nous est arrivé des aventures du bout du monde Quand on vient de loin ce n’est pas pour rester là (Quand on vient de loin nécessairement                                                           c’est pour s’en aller) Nos... [Lire la suite]
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29 mai 2018

Catherine Pozzi (1882 – 1934) : Scopolamine

  Scopolamine   Le vin qui coule dans ma veine A noyé mon cœur et l'entraîne Et je naviguerai le ciel À bord d'un cœur sans capitaine Où l'oubli fond comme du miel.   Mon cœur est un astre apparu Qui nage au divin non pareil. Dérive, étrange devenu ! Ô voyage vers le soleil — Un son nouvel et continu Est la trame de ton sommeil.   Mon cœur a quitté mon histoire Adieu Forme je ne sens plus Je suis sauvé je suis perdu Je me cherche dans l'inconnu Un nom libre de la mémoire.     ... [Lire la suite]
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28 mai 2018

Maria Victoria Atencia (1931 -) : « Que faire si soudain tu découvres... » / « Qué hacer si de repente descubres... »

  Que faire si soudain tu découvres que tu es habitée de la tête aux pieds par quelqu’un qui t’est étranger et qui confond ta langue avec un verbe différent. D’un côté et de l’autre, le jour il te cherche en traînant une lampe, et la nuit il sent ses yeux aveuglés par un soleil d’injustice.   Que faire sinon te jeter dans le tumulte, crier sous les vagues, secouer avec des bambous la racine de ton corps, désirer la mandragore, proclamer ta sécheresse pour le restant de tes jours et dormir pour l’éternité sur... [Lire la suite]
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27 mai 2018

Badr Châker al-Sayyâb (1926 -1964) /بدر شاكر السياب : Dans la nuit

  Dans la nuit   La chambre a sa porte close, le silence est profond, les rideaux près de ma fenêtre      tombent jusqu’au sol. Il se peut que la rue prête l’oreille pour m’écouter, pour me guetter derrière la fenêtre.      Et mes habits tels ceux d’un épouvantail planté en plein champ      sont noirs. La porte close leur a donné une âme. Elle a enfoui en eux des lambeaux      de sentiments ; elle va les réveiller de cette... [Lire la suite]
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26 mai 2018

Gaston Puel (1924 – 2013) : Ce matin, je dirai...

  Ce matin, je dirai...   Ce matin, je dirai le simple bonheur d’un homme allongé au creux d’une      barque L’oblongue coquille d’un canot s’est refermée sur lui Il dort C’est une amande La barque comme un lit épouse son sommeil   La mer digère l’eau en sa profondeur fauve C’est un grand arbre d’eau d’algues et de ciel bleu C’est une immense fleur à fleur de terre et d’eau Et l’homme allongé au creux d’une barque s’adosse à son mystère   ... [Lire la suite]
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25 mai 2018

Angèle Vannier (1917- 1980) : J’adhère

  J'adhère        J'adhère au chant du berger solitaire qui use du bois de son propre corps pour alimenter le feu créateur      J'adhère au voyou à l'oeil louche qui jette son mégot contre une meule de paille pour griller l'antre du métayer      J'adhère à la jeune fille qui se noie dans les eaux inférieures pour un simple chagrin d'amour      J'adhère à la chute des eaux supérieures qui lavent notre crasse et fait des vierges... [Lire la suite]
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24 mai 2018

Louis Aragon (1897 – 1982) : Un homme passe sous la fenêtre et chante

  Un homme passe sous la fenêtre et chante                         Nous étions faits pour être libres                     Nous étions faits pour être heureux                     Comme la vitre pour le givre ... [Lire la suite]
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23 mai 2018

Adonis (1930 -) / أدونيس : Corps, 7

  7. Au nom de mon corps   Au nom de mon corps le vivant /mort, le mort/ vivant dénué de forme, et qui en a autant de pores, au nom de ce je qui n’est pas moi de ce tu, femme, qui n’est pas toi, nous reformerons notre parler, nos deux langues nous instaurerons des mots à la mesure de la langue, des lèvres, du palais, du gosier nos deux corps entreront dans des limbes de brousses et de noces pour tous deux se détruire / se rebâtir en une vague de célébration sans forme : lentement / rapidement en... [Lire la suite]
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22 mai 2018

Henri Michaux (1889 – 1984) : L’époque des illuminés

  L’époque des illuminés        Quand le crayon qui est un faux frère ne sera plus un faux frère.    Quand le plus pauvre en aura plein la bouche, d’éclats et de vérité.    Quand les autos seront enterrées pour toujours sur les bords de la route.    Quand ce qui est incroyable sera regardé comme une vérité de l’ordre de « 2 et 2 font 4 ».    Quand les animaux feront taire les hommes par leur jacasserie mieux comprise et inégalable. ... [Lire la suite]
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21 mai 2018

Loys Masson (1915 -1970) : Poème à mon père

    Poème à mon père      Mon père tu dors en lit de semences sur l’eau de tes yeux      Les larmes de ma mère descendent jusqu’à toi à travers le sol spongieux,   aux bras des graminées – sur ton ventre poussent la campanule et l’oseille.      On m’a écrit « il s’en est allé d’urémie au mois d’août, on lui avait amputé   l’orteil      il est mort dix jours après t’appelant tant qu’il a pu parler » ... [Lire la suite]
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