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Maîtresse, embrasse-moi, baise-moi, serre-moi,

Haleine contre haleine, échauffe-moi la vie,

Mille et mille baisers donne-moi, je te prie,

Amour veut tout sans nombre, Amour n'a point de loi.

 

 

Baise et rebaise-moi ; belle bouche pourquoi

Te gardes-tu, là-bas, quand tu seras blêmie,

A baiser de Pluton ou la femme ou l'amie,

N'ayant plus ni couleur, ni rien semblable à toi ?

 

 

En vivant presse-moi de tes lèvres de roses ;

Bégaie, en me baisant, à lèvres demi-closes,

Mille mots tronçonnés, mourant entre mes bras.

 

 

Je mourrai dans les tiens, puis, toi ressuscitée,

Je ressusciterai ; allons ainsi là-bas,

Le jour, tant soit-il court, vaut mieux que la nuitée.

 

Sonnets pour Hélène, 1578

 Du même auteur :

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