Gérald Neveu (1921 – 1960) : Midi
Midi
Il est tombé - dit-on –
plume noire et plume blanche
sa soif traînant
en immense branchage
et donnez-moi - dit-on – ce sourire
et ce géranium !
Les portes battues parlent d’or
Le vent durcit en coquillage
Descends - tu le peux –
de ton chariot de victoire
pour un triomphe plus amer
pour une marche plus charnelle
Lève ton cœur comme vipère
ma petite tuile d’orgueil…
On écoute tourner le vin
noircir le sang
changer le sable
On écoute pourrir
comme une musique de terre
quelqu’un de seul
Et que s’écrase la pleine candeur
à rendre sourd
à pleines forces contre tout
Tu tends les mains au plus
lointain du feu
Ta voix circule dans la pierre
Quelle chanson désormais pour
noyer le soleil ?
Non ! Rien !
Tout au plus au petit jour
une hâte lasse et
- barrant le visage-
l’ancien supplice désamorcé
Le dessin était pur qui verrouillait
l’espace !
Nids blancs à fond de ciel
Mains de bois dur sans espérance
C’est midi qui se ferme
comme un objet.
Fournaise obscure
Pierre Jean Oswald éditeur, 1967
Du même auteur :
…Un miroir (15/12/2016)
Raison sociale (15/12/2018)