29 septembre 2017

Léon – Gontran Damas (1912 - 1978) : Savoir-vivre

  Savoir-vivre   On ne bâille pas chez moi comme ils bâillent chez eux avec la main sur la bouche je veux bailler sans tralalas le corps recroquevillé dans les parfums qui tourmentent la vie que je me suis faite de leur museau de chien d’hiver de leur soleil qui ne pourrait pas même tiédir l’eau de coco qui faisait glouglou dans mon ventre au réveil   Laissez moi bâiller la main là sur le cœur à l’obsession de tout ce à quoi j’ai en un jour donné le dos.   Pigments G.L.M. éditeur, 1937 Du... [Lire la suite]
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28 septembre 2017

Stéphane Mallarmé (1842 – 1898) : L’Azur

  L'azur     De l'éternel Azur la sereine ironie Accable, belle indolemment comme les fleurs, Le poète impuissant qui maudit son génie A travers un désert stérile de Douleurs. Fuyant, les yeux fermés, je le sens qui regarde Avec l'intensité d'un remords atterrant, Mon âme vide. Où fuir ? Et quelle nuit hagarde Jeter, lambeaux, jeter sur ce mépris navrant ?   Brouillards, montez ! versez vos cendres monotones Avec de longs haillons de brume dans les cieux Que noiera le marais livide des automnes, ... [Lire la suite]
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26 septembre 2017

Lucie Thésée (? - 19...) : Beau comme…

      Beau comme…        Beau comme une haute vague écumante jaillissant dans un globe de cristal.      Beau comme un léger souffle dans le tulle de la vie.      Beau comme un pleur à la pointe d’un jour radieux sur un visage parfaitement immobile.       Beau comme la flamme.      Beau comme un immense ciel insondable percé d’une étoile de dernière grandeur.      ... [Lire la suite]
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26 septembre 2017

Ossip Emilievitch Mandelstam / О́сип Эми́льевич Мандельшта́м 1892 -1938 : Le coquillage

    Le coquillage   Suis-je inutile et hors d’usage, Nuit ? Du gouffre de l’univers, Sans perle, un simple coquillage Jeté sur le bord de la mer ?   La vague écume sous ta brise, Ton chant est sauvage et lointain, Mais tu l’aimes, ô nuit exquise, Ce coquillage étrange et vain.   Le couvrant d’un manteau d’étoiles, Près de lui sur le sable d’or, Tu le berces pendant qu’il dort Du bruit houleux de la rafale.   Maison d’un cœur sans habitants, Ce coquillage aux murs fragiles, ... [Lire la suite]
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25 septembre 2017

Amir Gilboa / אמיר גלבע (1984 – 1917) : « Aux jours très anciens… »

  Aux jours très anciens   Aux jours très anciens tout était soleil tout était montagne et la vallée était au creux de la montagne tout était vallée et la montagne se cachait en elle.   Mais quand les dieux puissants et lointains ont répandu leur semence pour engendrer la terre les étoiles lointaines dans les cieux ont vu naître une légende de tristesse et leur face s’est obscurcie tout lentement et leurs yeux se sont remplis de larmes   et les pluies ont commencé.   Traduit de l’hébreu... [Lire la suite]
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23 septembre 2017

Déwé Gorodey (1949 - 2022) : Fille perdue

  Fille perdue   Tu sors de ce bar les yeux déchirés devant ton âme en miettes Tu n’es plus toi au fond de la case endormie sur la natte tressée de tes doigts perdus cette nuit dans ta chevelure que tu veux arracher parce que tu as trop bu parce que le bidasse de la nuit dernière a pris l’avion dans l’après-midi de Tontouta (1) Tu me regardes et j’ai honte Tu viens vers moi avec ton chagrin ta peine de sœur de femme de ponoche (2) Je m’enfuis de la ville je te fuis sœur de ma chair Je ne veux point te... [Lire la suite]
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22 septembre 2017

Jean Lavoué (1955 -) :" S’avancer sans craindre l’obscur..."

    S’avancer sans craindre l’obscur Jusqu’à frôler les premiers pas de l’aube   Descendre au plus noir de la nuit Pour y trouver des germes de lumière   Se défaire de toute connaissance Pour laisser croître en toi le Poème   S’égarer dans l’insu Afin de ne plus jamais se perdre   Veiller sur la nuit du doute Complice des fleuves souverains   Marcher à contre-courant des marées Pour rejoindre la source   Ne pas chercher une pureté plus grande Que ces branches noueuses... [Lire la suite]
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21 septembre 2017

Benjamin Péret (1899 – 1959) : Des cris étouffés

    Des cris étouffés   Celui qui du haut de la falaise siffle en ourlet de vague à l’autre qui lui répond      par une branche morte croulant sous le poids des orchidées Celui qui abrite ses yeux sous un nuage de pluie à cinq branches pour mieux      voir s’enfuir une ombre entre les hautes fougères qui répètent dans le vent      un hymne de spores Celui qui d’une oreille en brise écoute dans le dernier reflet du jour une femme ... [Lire la suite]
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20 septembre 2017

Yamanoueu No Okura / 山上憶良 (660 – 733) : « Le vent…. Les nuages… »

              Le vent                        les nuages                                          ... [Lire la suite]
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19 septembre 2017

Michel Baglin (1950 - 2019) : Frères de Terre

  Frères de terre   Je n’ai pas de frères de race, j’ai des frères de condition, des frères de fortune et d’infortune, de même fragilité, de même trouble et pareillement promis à la poussière et pareillement entêtés à servir si possible à quelque chose, à quelqu’un, même d’inconnu, à quelque frère de même portée, de même siècle, ou d’avenir…   Je n’ai pas de frères de race, ni de religion, ni de communauté, pas de frères de couleur, pas de frères de guerre ou de combat, je n’ai que des frères de... [Lire la suite]
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